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Les thermopompes, prêtes à conquérir le marché

Pour les propriétaires d’entreprise, la transition vers la thermopompe est un geste écologique – et un investissement profitable.

Quoi de neuf?

Les bâtiments commerciaux et institutionnels sont une source majeure et croissante d’émissions de carbone au Canada. Toutefois, notre analyse montre que les politiques actuelles peuvent infléchir la tendance et mettre le secteur sur la bonne voie pour atteindre l’objectif national de 2030 (figure 1). 

Tout comme dans le secteur résidentiel, les thermopompes sont essentielles à la transition des bâtiments commerciaux vers l’énergie propre. L’adoption de la thermopompe n’est pas seulement bénéfique pour l’environnement, elle est aussi bonne pour les affaires – surtout que le financement avancé par l’État est considérable.

Figure 1: Les politiques actuelles font reculer les émissions issues des bâtiments commerciaux

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Les thermopompes, un atout majeur pour la réduction des émissions

Les thermopompes sont une solution efficace pour les bâtiments commerciaux parce qu’elles contribuent à réduire les émissions de deux façons. D’abord, leur efficacité énergétique pour chauffer ou rafraîchir un bâtiment est de trois à quatre fois plus grande que celle des chaudières au gaz. Ensuite, comme elles fonctionnent à l’électricité plutôt qu’aux des combustibles fossiles, elles deviennent plus écologiques avec le temps, au même rythme que le réseau.

Grâce à la gamme étendue de technologies offertes sur le marché – dont des thermopompes pour climat froid efficaces à -30 °C –, les entreprises et les établissements de partout au Canada peuvent faire le saut dès aujourd’hui.

Notre analyse des politiques inscrites dans une loi, des politiques en élaboration et des politiques annoncées indique qu’avant la fin de la décennie, les thermopompes gagneront du terrain pour représenter environ 22 % des systèmes de chauffage dans les bâtiments commerciaux et jusqu’à 42 % de l’équipement neuf (figure 2). Toutefois, à la différence du secteur résidentiel où le chauffage par résistance électrique occupe une grande place, en 2030, le secteur commercial utilisera encore largement le gaz comme source d’énergie, selon nos prévisions. Bien que la part grandissante des thermopompes dans ce modèle représente une amélioration marquée dans le secteur, contribuant à le mettre sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 2030 du Canada, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence d’installer de nouvelles chaudières au gaz en 2030 en regard de la cible de carboneutralité pour 2050, compte tenu de la durée de vie prévue des systèmes neufs.

Ce n'est pas le financement qui manque

Comme l’indique notre Boussole des politiques de réduction du carbone (figure 3), il existe des dizaines de mesures gouvernementales actuellement disponibles ou en cours d’élaboration pour aider les propriétaires de bâtiments commerciaux à passer à la thermopompe. Rien que du côté du fédéral, des milliards de dollars sont sur la table pour la rénovation de bâtiments communautaires et commerciaux; il n’y a qu’à penser à une partie du supplément de 2,2 milliards au Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone, à la somme de 2 milliards à la Banque de l’infrastructure du Canada et au montant de 1,5 milliard prévu par le Programme pour les bâtiments communautaires verts et inclusifs. Le budget de 2022 a aussi élargi les déductions fiscales accélérées pour les investissements des entreprises dans l’équipement d’énergie propre aux thermopompes. De plus, le gouvernement fédéral compte moderniser ses codes du bâtiment et ses normes d’efficacité tant pour les nouvelles constructions que pour les rénovations, ce qui pourrait entraîner une augmentation des thermopompes dans les nouvelles installations.

Enfin, dans l’Énoncé économique de l’automne 2022, le gouvernement a annoncé un nouveau crédit d’impôt remboursable de 30 % pour les investissements dans les technologies propres comme les thermopompes. Cette mesure supplémentaire, qui n’a pas encore été intégrée à notre analyse, pourrait réduire encore les prix et accélérer la transition, faisant progresser encore davantage le pays dans ses objectifs climatiques.

Figure 3: L’outil de suivi des politiques du projet 440 mégatonnes dénombre des dizaines de politiques gouvernementales pour le secteur des bâtiments

Table from the policy tracker showing the list of policies related to buildings.
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Les thermopompes, bonnes pour les affaires

Les entreprises et les établissements auraient intérêt à saisir l’occasion qu’offrent les gouvernements pour faciliter le passage à la thermopompe. En effet, il s’agit non seulement d’un système écoénergétique, mais aussi d’une solution avantageuse sur le plan des affaires.

La transition du gaz à la thermopompe peut générer des économies. Les thermopompes consomment jusqu’à 50 % moins d’énergie que les chaudières au gaz pour chauffer un bâtiment, allégeant considérablement la facture d’énergie mensuelle. La hausse du prix du gaz au Canada est aussi un bon argument en faveur de leur adoption, surtout que la redevance fédérale sur les combustibles augmente le prix courant des combustibles fossiles. Et bien que le coût initial de l’achat et de l’installation de l’équipement demeure un des obstacles majeurs au déploiement des thermopompes, les prêts et les réductions du gouvernement permettent de réduire ce fardeau. De plus, en permettant à la fois le chauffage et la climatisation, les thermopompes éliminent le besoin d’un autre système, diminuant à la fois le coût initial et les coûts d’exploitation.

Pour les entreprises déjà dotées d’engagements climatiques, le passage du gaz à la thermopompe pourrait entraîner des réductions importantes de leurs émissions de portée 1, les rapprochant des objectifs annoncés. En somme, avec les nouveaux codes et normes qui s’en viennent, il serait judicieux pour les entreprises et les établissements de participer activement à cette transition pour éviter d’investir dans un système de chauffage qui devra être remplacé avant la fin de sa vie utile.

Vu la multitude de mesures incitatives pour passer à la thermopompe, parions que d’importantes réductions d’émissions dans le secteur des bâtiments commerciaux sont à prévoir dans les prochaines années.


Anna Kanduth est associée de recherche principale à l’Institut climatique du Canada.