Skip to content

Les services publics s’apprêtent à doubler la quantité d’énergie éolienne, d’énergie solaire et de capacité de stockage dans leurs réseaux

Cette nouvelle capacité ajouterait l’équivalent du tiers du réseau d’électricité de l’Ontario.

L’électricité sera au cœur de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Alors que le Canada assure sa décarbonisation en passant à des technologies propres, comme les véhicules électriques (VE) et les thermopompes, des études de l’Institut climatique du Canada montrent que le pays doit également bâtir un réseau électrique plus grand, plus propre et plus intelligent.

Dans le cas des services publics de l’électricité au Canada, la hausse rapide de la demande en électricité fait en sorte qu’ils doivent bâtir davantage, et bâtir plus rapidement.

Dans le cadre d’une analyse précédente, nous avons évalué la capacité de production d’électricité propre possible partout au Canada. L’analyse de cette semaine évalue la quantité d’électricité propre que les services publics cherchent à obtenir.

Appétit croissant du Canada pour l’électricité

Une hausse de la demande en électricité exige une capacité de production accrue. Ce n’est pas une relation proportionnelle; selon des études de l’Institut, une demande de 1,6 à 2,2 fois supérieure signifie que le Canada aura besoin d’une capacité de production de 2,2 à 3,4 fois plus élevée.
Ces estimations vont aussi relativement de pair avec les projections des services publics partout au pays (figure 1). Par exemple, le scénario d’électrification accélérée du plan actualité des ressources intégrées de BC Hydro prévoit que la demande en électricité dans la province augmentera d’environ 40 pour cent d’ici 2041. Dans le cas de l’Ontario, la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (SIERE) a dû revoir ses projections l’an dernier, faisant passer la hausse de la demande de 60 pour cent à 75 pour. cent d’ici 2050.

Au Canada, ce sont les provinces qui sont chargées de satisfaire cette demande croissante en électricité. La manière dont chaque province obtient l’approvisionnement nécessaire pour satisfaire la demande varie, et dépend grandement de la manière dont les marchés d’électricité sont organisés.

Dans la majorité des régions au pays, des monopoles réglementés qui appartiennent à l’État ou des services publics d’État sont chargés de la production et de la livraison de l’électricité. Cependant, comme la demande en électricité a augmenté en même temps que la disponibilité de l’énergie éolienne et solaire moins chère, ces services publics se tournent de plus en plus vers les producteurs d’électricité indépendants pour obtenir de nouvelles sources d’approvisionnement. En revanche, l’Alberta dispose d’un marché de l’énergie déréglementé et compte sur différents mécanismes pour fournir l’énergie au réseau.

Notre analyse se concentre sur les monopoles réglementés appartenant à l’État ou les services publics de l’État et leurs plans d’approvisionnement pour répondre à la demande croissante en électricité.

L’énergie éolienne, l’énergie solaire et la capacité de stockage devraient doubler dans sept provinces

Notre analyse a porté sur sept provinces disposant de plans d’approvisionnement à long terme et a révélé que, depuis 2023, près de 14 000 mégawatts (MW) de capacité de production et de stockage d’énergie renouvelable autre que l’hydroélectricité ont été achetés ou sont en voie de l’être.

Cela correspond à l’ajout de plus du tiers de la capacité de production totale du réseau ontarien. Ensemble, l’achat de capacité prévu jusqu’à maintenant représente presque un doublement de la capacité en énergie éolienne et en énergie solaire existante dans ces sept provinces.

L’Ontario se trouve actuellement au premier rang de l’approvisionnement pour la prochaine décennie, avec un objectif d’environ 6 800 MW de capacité renouvelable à acquérir d’ici 2030. Cela représente près de la moitié de l’ensemble des achats d’énergie renouvelable prévus dans les sept provinces. Ce chiffre comprend 5 000 MW de nouvelle capacité non émettrice que l’IESO a décrite dans deux plans à partir de début 2024. Toutefois, il n’est plus certain que toute cette capacité sera non émettrice. En décembre 2024, le gouvernement de l’Ontario a relevé les objectifs de ses achats entre LT2 et LT4 de 5 000 MW à 7 500 MW, mais n’a plus exigé que cette capacité soit non émettrice. En supposant que l’Ontario s’en tienne à un objectif d’environ 6 800 MW de capacité renouvelable, cela ferait plus que doubler la capacité actuelle connectée au réseau de transport de toute l’énergie éolienne et solaire dans la province.

Récemment, un nombre considérable de nouveaux projets d’énergie éolienne a également été retenu au Québec et en Colombie-Britannique. Les deux services publics ont obtenu une capacité d’énergie éolienne d’environ 1 600 MW chacun. L’approvisionnement récent de BC Hydro va de pair avec le plan de ressources intégrées qu’il a récemment actualisé, et le service public prévoit également de lancer plus fréquemment des appels à la concurrence pour l’achat d’électricité à l’avenir. Le Québec vise également à tripler la production d’énergie éolienne grâce à une nouvelle capacité d’énergie éolienne de plus de 10 000 MW d’ici 2035.

L’an dernier, le Manitoba avait prévu de lancer un appel d’offres pour une nouvelle capacité d’énergie éolienne de 600 MW, dans le cadre du plan d’énergie abordable du Manitoba.

D’autres provinces ont également indiqué qu’il est nécessaire d’augmenter de manière considérable la production d’électricité propre, mais n’ont pas encore offert d’autres possibilités d’approvisionnement. La Saskatchewan vise notamment à ajouter une production d’énergie éolienne et d’énergie solaire de 3 000 MW au réseau d’ici 2035, et a commencé à acheter 800 MW d’énergie solaire au cours des dernières années.

Le Nouveau-Brunswick a lancé un appel à déclaration d’intérêt pour la production et le stockage d’énergie renouvelable de 270 MW en 2023. Le gouvernement provincial a décrit un approvisionnement en énergie éolienne de 1 400 MW jusqu’en 2033 dans sa feuille de route.

Le Plan d’énergie propre de la Nouvelle-Écosse prévoit également ajouter plus de 1 000 MW dans le cadre de nouveaux projets d’énergie éolienne et 300 MW dans le cadre de projets d’énergie solaire d’envergure d’ici 2030, avec des achats futurs susceptibles d’être faits en 2025 et 2027.

Dans son examen sur la fiabilité et l’adéquation des ressources de 2024, Terre-Neuve a également indiqué avoir besoin d’une nouvelle capacité d’énergie éolienne de 400 MW. Cependant, la province n’a pas encore précisé comment elle l’obtiendra.

Plusieurs de ces programmes d’approvisionnement sont de plus en plus axés sur des projets d’électricité propre appartenant en majorité à des Autochtones. Par exemple, l’appel d’offres du Manitoba cible précisément les projets desquels des Autochtones sont propriétaires à au moins 51 p. cent, avec une condition prévoyant 25 p. cent de capitaux propres. En Colombie-Britannique, huit des neuf projets retenus dans le cadre du dernier appel d’offres de BC Hydro comprenaient une participation de 51 p. cent des Premières Nations.

Ces approvisionnements additionnels sont des nouvelles encourageantes. Pour poursuivre sur la même lancée, les provinces peuvent établir des calendriers ou intégrer l’approvisionnement futur à la planification des ressources dans le cadre de feuilles de route en matière de carboneutralité. Une planification à plus long terme de l’approvisionnement peut procurer aux promoteurs un degré de certitude supérieur en ce qui concerne les rondes futures de financement offert.

Grâce à une planification intelligente, l’approvisionnement pourra veiller à ce que la population canadienne jouisse d’un avenir axé sur l’électricité propre.


Arthur Zhang est associé principal de recherche à l’Institut climatique du Canada.

Cet article a été mis à jour le 28 avril 2025 pour ajouter des informations supplémentaires relatives à la demande de propositions à long terme de l’Ontario (LT2 à LT4), soulignant que les programmes ont été élargis depuis 2024 et incluront également la production non émettrice.

Les provinces et territoires font de grands progrès sur le plan de l’électricité propre

Les projets prévus au pays pourraient faire croître la capacité d’électricité propre d’un tiers

La transition vers l’électricité propre au Canada a récemment fait les manchettes en raison de frictions entre les provinces et le gouvernement fédéral. C’est à croire qu’on a tué l’électrification propre du Canada dans l’œuf.

Il faut plutôt regarder de plus près ce que fait chaque province : les progrès sont déjà remarquables, et ce n’est que le début. La plupart des provinces élargissent leur réseau d’électricité avec d’énormes investissements dans de nouvelles installations de production d’électricité sans émissions.

Voilà une bonne nouvelle pour les objectifs climatiques et l’avenir économique du Canada. L’électricité propre sera essentielle pour l’atteinte des cibles nationales d’émissions. Elle créera des perspectives d’emploi pour une main-d’œuvre qualifiée agréée. Et elle devient petit à petit un incontournable pour les grands investissements des entreprises au pays.

Le Canada produit déjà beaucoup d’électricité propre… et ce n’est pas fini

Le Canada est déjà dans une position enviable : son réseau est l’un des plus propres au monde. Près de 85 % de l’électricité au pays est non polluante, et ce nombre ne devrait qu’augmenter.

Actuellement, les projets d’électricité propre planifiés ou en construction devraient accroître d’un tiers la capacité d’électricité propre du Canada. Selon des données de S&P Global, si tous ces projets d’électricité propre sont bien mis en œuvre, la capacité augmenterait de 32 % (figure 1).

Outre l’hydroélectricité, la capacité des autres technologies propres devrait doubler. Cette croissance serait due en grande partie à des projets d’éolien et de solaire, qui comptent ensemble pour plus de deux tiers de la nouvelle capacité. Les projets devraient aussi surpasser la diminution de capacité due aux fermetures prévues – notamment de centrales nucléaires en Ontario –, pour une augmentation nette de 51 701 mégawatts (MW) au pays.

Les mesures provinciales et territoriales à la loupe

Les provinces et territoires ont le pouvoir d’intervenir en matière d’électricité; alors, que font-ils? Chacun a un portefeuille unique de production d’électricité et ses propres structures commerciales et réglementaires, ce qui complexifie le portrait global. Mais ne vous y trompez pas, des projets d’électricité propre sont en effet planifiés ou en construction partout au pays (figure 2). Si l’on prend en compte les promesses actuelles des provinces et des territoires, la capacité d’électricité propre ne devrait que croître encore davantage.

Au Québec, comme premier pas pour doubler la production d’électricité d’ici 2050, Hydro-Québec investira jusqu’à 185 milliards de dollars dans les 12 prochaines années seulement. Ce premier investissement vise à améliorer la fiabilité du réseau, à construire une capacité de production d’énergie renouvelable de 15 000 MW, à doubler les économies liées à l’efficacité énergétique et à élargir considérablement le réseau.

L’Ontario prévoit bâtir des installations de production d’énergie renouvelable de 5 000 MW et de petits réacteurs nucléaires modulaires, renouveler le parc hydroélectrique et nucléaire, améliorer les liens avec le réseau du Québec et élaborer des projets de stockage de longue durée (comme le pompage hydraulique), en plus de faire les plus grands ajouts de stockage par batterie au Canada.

En Colombie-Britannique, le service public provincial s’est donné la mission de bâtir l’équivalent de 3 000 gigawattheures d’installations d’électricité renouvelable chaque année dès 2028 en lançant un nouvel appel de propositions.

Au Manitoba, le premier ministre Wab Kinew a demandé au cabinet de rendre le réseau carboneutre d’ici 2035 pour appuyer le plan de carboneutralité à l’échelle de la province d’ici 2050, et prévoit doubler ou même tripler la capacité du réseau dans les vingt prochaines années.

Le Canada atlantique se trace un parcours semblable. Terre-Neuve-et-Labrador mise tout sur une quantité importante d’énergie éolienne terrestre. L’Île-du-Prince-Édouard accroît sa capacité solaire. Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont accepté de travailler avec le gouvernement fédéral pour éliminer ce qui reste de leurs installations au charbon.

Le défi sera le plus grand pour les territoires, mais le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ont déjà pris des mesures importantes pour garantir la propreté, la fiabilité et l’abordabilité de l’électricité.

La Saskatchewan s’est engagée à accroître ses ressources d’électricité propre de 40 à 50 % d’ici 2030, ce qui réduirait les émissions du réseau environ de moitié par rapport aux niveaux de 2005. D’ailleurs, SaskPower prévoit ajouter 3 000 MW d’électricité renouvelable au réseau d’ici 2035.

Enfin, l’Alberta accueille la grande majorité des nouveaux investissements dans l’éolien et le solaire au Canada depuis plusieurs années, et a officiellement fini de se débarrasser du charbon ce mois-ci. C’est l’une des plus grandes réussites des politiques de réduction des émissions de l’histoire du Canada, que l’on doit en grande partie au système de tarification du carbone industriel de la province. Même si les réformes du marché et du réseau de transport récemment annoncées par le gouvernement suscitent de l’incertitude dans le secteur, des changements positifs se concrétisent en parallèle. Par exemple, des changements réglementaires récemment mis en œuvre permettront d’augmenter le stockage d’énergie pour appuyer la croissance de la proportion du renouvelable dans le réseau.

Meilleures politiques, meilleurs résultats

Il y a encore beaucoup de pain sur la planche pour soutenir les réseaux plus grands, plus propres et plus intelligents dont le Canada a besoin. D’ici 2050, la capacité de production d’électricité du pays devra être de 2,2 à 3,4 fois plus grande qu’aujourd’hui.

Les provinces et territoires font déjà les premiers pas les plus importants. Les mesures prises mettent le pays sur la bonne voie pour lui assurer l’accès au réseau d’électricité vaste, abordable et fiable dont il a besoin, aujourd’hui et demain.

Les progrès sont indéniables. Ne nous arrêtons pas maintenant.

Jason Dion est directeur principal de la recherche à l’Institut climatique du Canada. Arthur Zhang est associé de recherche à l’Institut climatique du Canada.

Les provinces et les territoires se tiennent-ils de rendre des comptes sur leurs actions climatiques?

Certains gouvernements ont des lois sur la responsabilité climatique relativement contraignantes, d’autres ont des lois plus souples, et enfin, d’autres n’en ont pas du tout.

Un grand pouvoir devrait impliquer une grande imputabilité.

Grosso modo, voilà la raison d’être des lois sur la responsabilisation climatique. Ces lois obligent les gouvernements à démontrer de quelle façon ils envisagent d’atteindre leurs objectifs climatiques. Elles établissent des objectifs, des structures de gouvernance et des processus de planification, et elles exigent un suivi régulier des progrès accomplis.

En décembre, dans le cadre de la Loi canadienne sur la responsabilité climatique, le gouvernement fédéral a publié son tout premier rapport d’étape sur le plan climatique du Canada (et l’Institut climatique du Canada y a répondu en publiant sa propre évaluation).

Le gouvernement fédéral ne fait pas cavalier seul : au cours de l’année écoulée, plusieurs provinces et territoires canadiens (la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et le Yukon, notamment) ont publié des rapports sur les progrès climatiques qu’ils avaient eux-mêmes accomplis.

La responsabilité climatique des provinces et des territoires compte. Ces gouvernements sont les premiers responsables d’axes stratégiques cruciaux – notamment l’électricité et l’utilisation du territoire –, et chaque palier de gouvernement contribue au financement et à la communication sur les mesures climatiques. . Plus les gouvernements travaillent en concertation, plus ils paveront la voie du Canada vers l’atteinte de ses objectifs nationaux.

Mais la responsabilité climatique au Canada n’est pas sans inégalités. Il n’y a pas deux provinces ou territoires qui abordent la responsabilisation de la même manière, et l’efficacité des systèmes en place varie.

Sept provinces et territoires ont adopté une loi sur la responsabilité climatique

Ces dernières années, davantage de provinces et de territoires ont adopté des lois sur la responsabilité. Aujourd’hui, si l’on exclut la loi fédérale, sept lois sont en vigueur au pays.

Ces lois, dont les dispositions varient, reposent sur un principe fondamental. Chacune oblige le gouvernement à fixer des objectifs de réduction des émissions, à établir un plan d’action pour les atteindre et à rendre régulièrement compte de ses progrès.

Cinq provinces et territoires n’ont pas de lois sur la responsabilisation.

On constate l’absence de loi à Terre-Neuve-et-Labrador, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut.

L’Alberta et la Saskatchewan ont des lois, mais celles-ci stipulent seulement que le gouvernement peut fixer des objectifs et rendre compte des progrès, sans l’obliger à le faire. Ni l’une ni l’autre des provinces n’a décidé de fixer un objectif. Ce sont les seuls gouvernements, avec celui du Nunavut, à ne pas avoir d’objectifs de réduction des émissions avant 2050.

Une province a également adopté une loi sur la responsabilité partielle : l’Ontario. Sa loi stipule que la province doit fixer un objectif de réduction des émissions, élaborer un plan et publier des rapports d’étape, sans préciser de date L’Ontario s’est fixé un objectif et a publié un plan, mais ses rapports d’étape sont publiés sporadiquement et il est difficile d’établir dans quelle mesure le plan est encore en vigueur.

Cependant, l’existence de sept lois sur la responsabilité infranationales au Canada représente encore un pas vers l’avant; en 2020, seules trois provinces en étaient dotées.

Les lois sur la responsabilité au pays s’avèrent plus ou moins efficaces.

Les lois sur la responsabilisation climatique sont d’une efficacité variable. Dans un rapport intitulé Baliser le chemin, l’Institut climatique du Canada a défini les meilleures pratiques en matière de responsabilisation climatique à utiliser pour évaluer la qualité des différentes lois sur la responsabilisation.

À cet égard, le portrait des lois sur la responsabilisation au Canada est inégal Certaines respectent presque toutes les pratiques exemplaires, tandis que d’autres sont à peine admissibles (quelques-unes des pratiques exemplaires sont présentées à la figure 2).

Chacune des pratiques exemplaires est importante, mais il est crucial de faire appel à un expert indépendant : son avis est particulièrement précieux, car il contribue à l’élaboration de plans climatiques plus robustes. Dans le meilleur des cas, les lois sur la responsabilisation exigent également une évaluation indépendante des rapports gouvernementaux, ce qui accroît la transparence et incite les gouvernements à produire des travaux crédibles et rigoureux.

Cependant, il s’agit également d’un des points faibles de la responsabilisation climatique des provinces et des territoires. Aucune loi provinciale ni territoriale n’exige qu’un organisme indépendant évalue les plans climatiques ni les rapports d’étape, mais cinq d’entre eux disposent d’organismes consultatifs consultatifs indépendants qui prodiguent un éventail de conseils. En revanche, la loi fédérale sur la responsabilisation suit les meilleures pratiques, en créant un organisme consultatif et en demandant au Commissaire à l’environnement et au développement durable indépendant d’évaluer les progrès accomplis par le Canada dans la réalisation de ses objectifs.

Dans d’autres cas, les provinces ont pris les devants en adoptant des pratiques exemplaires.

À souligner : la longueur d’avance au Canada de l’Î.-P.-É., qui a fait des changements climatiques une priorité pangouvernementale. La Net-Zero Carbon Act oblige le gouvernement à adopter des politiques conformes aux objectifs climatiques et exige l’inclusion de la prospérité durable – concept qui englobe la gérance de l’environnement – dans le mandat de chaque ministère.

En Nouvelle-Écosse, la loi sur la responsabilisation climatique intègre les pratiques exemplaires autrement, en fixant des objectifs climatiques visant l’atténuation, l’adaptation et la croissance propre. De même, la loi sur le climat de la Colombie-Britannique oblige le gouvernement à rendre compte chaque année de ses mesures d’adaptation et à produire des évaluations quinquennales des risques climatiques.

Plusieurs gouvernements ont inscrit dans la loi leurs objectifs à long terme en matière de carboneutralité, ainsi que leurs objectifs à court terme en matière de réduction des émissions. Le gouvernement fédéral, la Nouvelle-Écosse, l’Î.-P.-É. et le Yukon ont tous inscrit des objectifs carboneutres dans leur loi, et la Colombie-Britannique et le Québec se sont engagés à faire de même.

La responsabilisation climatique existe même dans les municipalités au Canada. Toronto, par exemple, a proposé un système de responsabilisation, qui comporte plusieurs pratiques exemplaires tirées de Baliser le chemin.

Tous les gouvernements devraient rendre des comptes sur l’action climatique

Les lois sur la responsabilisation n’ont pas besoin d’être uniformes pour être utiles. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont des ressources et des responsabilités différentes, il est donc juste que leurs processus de responsabilisation varient. Mais tous les gouvernements devraient se doter de mécanismes de reddition de compte, et des pratiques exemplaires claires s’offrent à eux.

Heureusement, le pays semble aller dans la bonne direction. Aujourd’hui, il y a davantage de lois sur la responsabilisation au Canada, et ces dernières sont mieux ficelées. Cette course vers le sommet devrait se poursuivre.

Ross Linden-Fraser est associé de recherche principal à l’Institut climatique du Canada.

Pleins feux sur les différentes cibles climatiques des provinces et territoires

La rapidité et l’efficacité de la transition verte du Canada menacées par ses ambitions climatiques en dents de scie.

On dit qu’il est ardu de changer le cours du navire de l’État. Cette réalité est amplifiée dans une flottille comme celle de la fédération canadienne, d’autant plus que les navires qui la composent ne s’entendent pas toujours sur la destination.

Au Canada, les politiques climatiques sont l’affaire à la fois du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux et territoriaux. C’est là un avantage, mais aussi un désavantage. D’un côté, comme l’Institut climatique l’a précédemment expliqué, le fait d’avoir une multiplicité d’autorités qui sont responsable d’un objectif commun favorise l’atteinte de ce dernier. Or, de l’autre, la lutte contre les changements climatiques requiert un mouvement collectif, chose plus difficile à susciter lorsque les différents responsables ont des intérêts divergents.

Comme nous le verrons dans cette analyse, les provinces et territoires du pays sont à des stades très différents de leur planification climatique : certains ont des cibles de réduction des émissions ambitieuses et des plans pour les atteindre, et d’autres tardent à entrer dans la danse.

Ces ambitions en dents de scie pourraient avoir des conséquences inquiétantes sur les efforts nationaux, menaçant la rapidité et l’efficacité économique que permettrait une action concertée des différents ordres de gouvernement.

La somme des cibles provinciales et territoriales inférieure à la moitié de la cible nationale

Bien que ce soit le gouvernement fédéral qui définisse les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les provinces et territoires disposent d’outils importants pour contribuer à la lutte climatique, dont bien sûr les politiques sur l’électricité.

Ainsi, pour réagir efficacement à la crise des changements climatiques, le Canada aura besoin d’une grande coopération intergouvernementale. Dans un monde idéal, les différents ordres de gouvernement s’entendraient sur des objectifs compatibles et coordonneraient leurs politiques.

Dans le monde réel, cependant, les administrations n’arrivent pas à un consensus sur leurs objectifs ni sur les façons de les atteindre. Pour illustrer ce problème, il suffit de regarder les cibles de réduction des émissions à court terme.

Si le gouvernement fédéral s’est engagé à réduire les émissions du Canada de 40 % à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, l’ambition collective des provinces et territoires est beaucoup plus anémique. En additionnant leurs cibles officielles, on n’atteint même pas la moitié de la cible de réduction nationale.

Il ne faut toutefois pas prendre cet écart comme une inévitabilité. Les cibles régionales n’empêcheront pas nécessairement le Canada d’atteindre ses objectifs nationaux : en effet, le gouvernement fédéral dispose de ses propres instruments politiques (règlements, tarification du carbone, subventions ciblées) ainsi que d’un processus de responsabilisation climatique pour mettre le pays sur la bonne voie.

Il n’est pas non plus mauvais que différents ordres de gouvernement aient des approches différentes. Cela peut parfois être utile, notamment pour alimenter des conversations sur les façons d’impulser un effort cohérent et ambitieux au pays.

Le problème, c’est qu’une action désorganisée et inconséquente demeure plus lente, plus coûteuse et moins efficace qu’une approche intégrée. Selon nos estimations préliminaires des émissions nationales, les nouvelles politiques ne suffiront pas : les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral devront coopérer davantage pour que le Canada atteigne sa cible.

Comment se comparent les provinces et territoires?

Il existe aussi des écarts entre les provinces et territoires. Différents gouvernements ont certes pris des mesures considérables – l’Alberta et l’Ontario remplacent progressivement le charbon, le Québec subventionne les infrastructures de recharge de véhicules électriques, et l’Île-du-Prince-Édouard offre des thermopompes gratuites –, mais les mesures individuelles n’égaleront jamais un plan cohérent pour réduire les émissions globales.

Comme l’a déjà déploré 440 mégatonnes, quatre des provinces et territoires n’ont toujours pas fixé de cible de réduction des émissions pour 2030. Même si ces régions œuvrent à éliminer une part de leurs émissions, l’absence de cibles claires et de plans crédibles fait en sorte qu’une réduction dans un secteur pourrait simplement être annulée par une hausse dans un autre.

En outre, bien que certaines se disent prêtes à viser la carboneutralité pour 2050, il sera très difficile d’atteindre cet objectif sans plans ni cibles intermédiaires. Le fait que ce groupe de provinces et territoires englobe les économies les plus émettrices du pays soulève aussi des questions sur l’équité régionale.

Il ne faut toutefois pas prendre cet écart comme une inévitabilité. Les cibles régionales n’empêcheront pas nécessairement le Canada d’atteindre ses objectifs nationaux : en effet, le gouvernement fédéral dispose de ses propres instruments politiques (règlements, tarification du carbone, subventions ciblées) ainsi que d’un processus de responsabilisation climatique pour mettre le pays sur la bonne voie. Mais cela n’excuse pas l’inaction.

Au contraire, les économies à plus forte intensité d’émissions ont tout avantage à se projeter à long terme, car elles seront particulièrement vulnérables aux risques économiques de la transition vers des énergies plus propres.

L’action climatique : quand tout le monde gagne

Si 2030 a déjà pu nous sembler une date si lointaine, il s’agit désormais d’une échéance qui approche à vive allure, particulièrement lorsque l’on comprend tout le travail à faire sur les systèmes énergétiques, les cycles d’investissement et les processus réglementaires. Pourtant, il reste des provinces et territoires qui ne coordonnent pas de réductions de leurs émissions, même celles qui ont des visées carboneutres à long terme.

Cette incertitude qui entoure les politiques n’avantage ni la population ni les investisseurs. Les provinces et territoires gagneraient à se fixer des cibles climatiques et à planifier l’avenir, sur les fronts de l’abordabilité, de la concurrence et de la sécurité publique. Et plus les cibles régionales se rapprocheront des objectifs nationaux, plus le projet sera aisé. Les régions du Canada ne sont peut-être pas toutes dans le même bateau, mais elles sont toutes dans la même flottille.


Ross Linden-Fraser est associé de recherche principal à l’Institut climatique du Canada.

La Loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité fête son deuxième anniversaire!

Deux ans après l’adoption de la loi fédérale, les lois sur la responsabilisation climatique permettent d’accélérer les choses et de suivre les progrès en la matière partout au pays.

Il est plus facile de se rendre au bon endroit lorsqu’on sait où l’on va. Et quand on parle de réduction des émissions de carbone, les lois sur la responsabilisation climatique sont la boussole. Bien conçues, elles « balisent le chemin » vers l’atteinte des objectifs climatiques en établissant des cibles, des structures de gouvernance et des processus de planification tout en incitant les gouvernements à répondre de leurs actes en exigeant des bilans réguliers.

Le 29 juin 2021, le Canada s’est doté de sa propre loi sur la responsabilisation climatique en adoptant la Loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité (LCRMC). C’est une occasion spéciale pour 440 mégatonnes, puisque les évaluations transparentes des progrès climatiques sont au cœur du projet. Nous soulignons le deuxième anniversaire de cette importante loi en regardant de plus près ce qui a été accompli et ce qui est prévu cette année, et comment les autres gouvernements du pays se servent de lois sur la responsabilisation climatique pour encourager et suivre leurs progrès.

2023 : une année importante pour le processus fédéral de responsabilisation

Les principes derrière la LCRMC sont simples : établir des objectifs, concevoir des plans pour les atteindre et rendre compte des progrès en cours de route. Regardons maintenant chaque élément à tour de rôle.

Premièrement, la LCRMC formule des objectifs clairs en matière de politiques climatiques, officialisant ainsi la promesse d’atteindre la carboneutralité à l’horizon 2050 et d’établir des objectifs à court terme pour 2026 et 2030 du Canada. Par conséquent, le gouvernement doit fixer des cibles pour les années à venir selon un échéancier prédéterminé.

Deuxièmement, la loi exige que le gouvernement crée des plans pour chacun de ces objectifs. Le premier en la matière, le Plan de réduction des émissions pour 2030 du Canada (ou PRE), a été publié l’an dernier.

Troisièmement, le gouvernement doit rendre compte de ses progrès sous forme de rapports à publier, dont le premier doit être déposé plus tard cette année. Puisqu’il n’est pas exemplaire que les gouvernements remplissent leurs propres bilans, la LCRMC permet la vérification externe par un organisme indépendant créé pour conseiller le gouvernement et obliger le commissaire à l’environnement et au développement durable à rendre compte de la mise en œuvre des politiques gouvernementales.

La LCRMC a tout de même d’importants angles morts. Bien qu’elle oblige le gouvernement à publier divers rapports sur les émissions et les changements climatiques, elle ne contient aucune exigence concernant la planification de l’adaptation aux changements climatiques. Même si la loi exige que le gouvernement tienne compte de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et qu’il consulte les peuples autochtones, les groupes autochtones ayant participé aux consultations sur le processus du PRE ont qualifié ledit processus d’inadéquat. Et contrairement à certains de ses homologues, le Canada n’exige pas d’évaluation indépendante des plans climatiques ou de rapports d’étape gouvernementaux dans le cadre de sa loi sur la responsabilisation climatique.

Et c’est ici que l’Institut climatique du Canada entre en scène. En 2022, l’Institut a mené sa propre évaluation indépendante sur le PRE pour 2030 du Canada, et fera de même cette année pour le rapport d’étape du gouvernement fédéral. À 440 mégatonnes, la Boussole des trajectoires d’émissions évalue si les politiques fédérales mettent le Canada sur le chemin de la carboneutralité et indique où il faudrait prendre des mesures supplémentaires.

Malgré certaines lacunes, après deux ans en vigueur, on peut dire que la loi fédérale sur la responsabilisation climatique a jeté les bases d’un cycle de planification réglementaire et de modification des trajectoires. Cependant, à l’échelle provinciale et territoriale, c’est une tout autre histoire.

Les trois quarts des émissions du Canada viennent de provinces et de territoires n’ayant pas de cible officielle pour 2030

Seulement six provinces et territoires canadiennes se sont dotées d’un cadre législatif climatique qui établit des objectifs d’émission ou un processus de planification pour 2030. Une septième province, le Manitoba, a une loi sur la responsabilisation climatique, mais son plan climatique actuel s’arrête en 2027. Les provinces et territoires restants n’ont pas de loi de responsabilisation, ce qui veut dire que 75 % des émissions au pays proviennent de provinces et territoires n’ayant pas de cible officielle pour 2030. Quelques-unes de ces administrations n’ont pas de cible légale ou d’objectif de carboneutralité à plus long terme; les autres n’ont tout simplement aucun objectif ou plan pour 2030.

C’est un problème, car les provinces et les territoires possèdent de puissants leviers dans la lutte contre les changements climatiques, dont la compétence sur le développement des ressources naturelles et la production d’électricité. Dans les provinces sans loi de responsabilisation climatique, il n’existe pas de mécanisme officiel pour encourager les provinces à faire correspondre ces leviers aux cibles d’émissions, et aucun règlement obligeant les gouvernements à rendre compte de leurs actions pour le climat de façon transparente. Sans loi de responsabilisation climatique, les progrès climatiques ne sont pas impossibles, mais sont certainement moins probables et beaucoup plus difficiles à suivre.

Heureusement, le paysage réglementaire du Canada semble tendre vers une plus grande responsabilisation. Par exemple, il y a trois ans, seulement trois provinces et territoires avaient un cadre législatif de responsabilisation climatique; maintenant, on en compte sept. Les municipalités semblent également suivre cette tendance. En avril dernier, la Ville de Toronto a proposé un « système de responsabilisation du carbone » qui vise explicitement à suivre les pratiques exemplaires formulées par l’Institut climatique du Canada. Ce système permettra l’établissement de budgets carbone sur cinq ans, la création d’un cycle de planification et de reddition de comptes et définira la manière dont la ville peut – ou non – utiliser ses crédits compensatoires pour atteindre ses cibles.

Une bonne gouvernance est la clé de la réussite climatique

Les cadres législatifs de responsabilisation climatiques ne promettent pas une solution facile aux changements climatiques, puisque les élections peuvent donner le pouvoir aux gouvernements de changer les lois ou de tracer une nouvelle voie. Cependant, ces cadres aident les gouvernements à se concentrer sur la priorité urgente de réduire les émissions et à diriger l’attention du public vers les éléments où nous progressons et ceux où il reste du chemin à faire. En Colombie-Britannique, par exemple, les modélisations d’émissions de 2021 tirées du rapport de responsabilisation climatique du gouvernement indiquaient que la province n’était pas en voie d’atteindre ses cibles, ce qui a mené la province à renforcer son plan en matière de climat.

En ce deuxième anniversaire de la responsabilisation climatique fédérale, nous soulignons également la généralisation de ces cadres de responsabilisation dans tous les ordres de gouvernement. Pour l’équipe de suivi des progrès de 440 mégatonnes, voilà de quoi faire de cette journée une étape à célébrer!


Ross Linden-Fraser est associé de recherche principal à l’Institut climatique du Canada.

Dernière mise à jour : octobre 2023

Comment encourager l’utilisation de la thermopompe dans les Maritimes

Dans les Maritimes, la thermopompe permet de rapidement délaisser le chauffage à mazout, mais des obstacles menacent une adoption plus généralisée dans l’Est.

Quoi de neuf?

La thermopompe joue un rôle important dans la réduction des émissions liées au chauffage des bâtiments, tout en réduisant les coûts énergétiques et en améliorant la résilience au réchauffement climatique (elle qui fournit chauffage et climatisation). Répandue dans les Maritimes, qui présentent le plus haut taux d’adoption au Canada, elle devrait même gagner en popularité selon les prévisions, mais de réels obstacles empêchent toutefois son adoption généralisée par les ménages qui se chauffent encore au mazout. Selon le dernier inventaire officiel canadien des gaz à effet de serre, en 2021, les émissions attribuables au chauffage résidentiel représentaient 6 % de toutes les émissions dans les Maritimes. Parmi les facteurs principaux se trouve la dépendance de longue date au chauffage à mazout, responsable de jusqu’à 80 % de toutes les émissions liées au chauffage résidentiel (figure 1).

La thermopompe est bien adaptée aux Maritimes

Globalement, la réduction des émissions du chauffage résidentiel s’appuiera grandement sur l’électrification et l’abandon des combustibles fossiles comme source de chauffage. Les gains de réduction potentiels de l’électrification sont particulièrement importants dans les Maritimes, qui dépendent actuellement beaucoup du chauffage à mazout.

La thermopompe, c’est une réduction des émissions attribuables à l’électrification combinée à une efficacité remarquable; elle est souvent deux fois plus efficace que le chauffage par résistance électrique et ses coûts d’exploitation sont considérablement moindres que ceux du mazout, sans compter la climatisation qu’elle procure en été.

Le climat des Maritimes, où la température atteint rarement des extrêmes, présente des conditions optimales pour la thermopompe (il existe toutefois des thermopompes basse température qui fonctionnent à des températures inférieures à -25 degrés Celsius). Cela dit, la thermopompe peut répondre aux besoins en chauffage durant la plus grande partie, voire l’entièreté, de l’hiver. Les propriétaires qui désirent parer aux imprévus peuvent également installer un système de chauffage par résistance électrique d’appoint.

Comme le souligne Chris Turner dans une étude de cas de l’Institut climatique du Canada, l’adoption de la thermopompe a connu une hausse rapide dans les Maritimes, la source de chauffage principale de 30 % des foyers.

Ce qui est étonnant, c’est que même si la thermopompe est plus répandue, elle ne représente qu’une petite portion de l’énergie totale utilisée pour le chauffage de bâtiments dans les Maritimes, soit environ 3 %. Ces données illustrent l’efficacité de la thermopompe : bien qu’elle représente près d’un tiers des sources de chauffage principales, elle consomme près d’un dixième de l’énergie totale utilisée à cette fin. (Il faut dire que l’utilisation de la thermopompe dans les nouveaux bâtiments, plus efficaces du point de vue énergétique que les anciens, aide.)

L’avenir de la thermopompe repose sur la généralisation de sa mise en œuvre

Notre analyse des politiques annoncées par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux produit avec Navius Research montre que la proportion des sources de chauffage électrique dans les Maritimes augmentera en moyenne de 30 % d’ici 2030 (figure 2).

Avec la démarche d’électrification du chauffage des bâtiments entreprise dans les Maritimes, la proportion d’énergie utilisée pour le chauffage réduite grâce aux thermopompes pourrait doubler si des politiques sont mises en œuvre rapidement et efficacement. À l’Île-du-Prince-Édouard, l’utilisation des thermopompes sera huit fois plus élevée qu’elle l’est actuellement, passant de 1,25 % des appareils de chauffage à 8,35 % d’ici la fin de la décennie. L’augmentation des thermopompes réduira la dépendance au mazout, et des provinces comme la Nouvelle-Écosse pourraient voir leur recours au chauffage à mazout (46 %) diminuer de moitié d’ici 2030 (26 %).

Toutefois, pour que les augmentations représentées dans la figure ci-dessus se matérialisent, toutes sortes de facteurs entent en ligne de compte : le type de thermopompes possibles en fonction de la taille et des besoins du foyer; les différences entre les coûts initiaux et les coûts d’exploitation selon les technologies de chauffage; la disponibilité du personnel qualifié pour l’installation; et les futurs tarifs de l’électricité par rapport à ceux des combustibles fossiles.

Pour s’attaquer à ces facteurs, des initiatives du secteur et un soutien du gouvernement peuvent créer des conditions favorables à une meilleure transition vers le chauffage électrique.

Une politique forte favorise l’adoption de la thermopompe

Jusqu’à présent, les politiques gouvernementales, avec des programmes comme le Programme éconergétique pour les maisons du Nouveau-Brunswick, se sont avérées essentielles pour favoriser l’adoption de la thermopompe. Des formes d’aide supplémentaire récemment mises en place comme le Programme pour la conversion abordable du mazout à la thermopompe du gouvernement fédéral continueront d’accélérer le mouvement. En effet, l’analyse mentionnée ci-dessus prend en compte ce programme fédéral, qui offre jusqu’à 10 000 $ aux foyers qui ont recours à des chaudières à mazout et passent à la thermopompe.

Les provinces ont également mis en place des mesures similaires. La Nouvelle-Écosse offre une bourse de 5 000 $ sous la forme de ristournes EfficiencyOne, en plus d’avoir investi 140 millions de dollars pour offrir des thermopompes gratuites aux ménages à faible revenu. De même, le Nouveau-Brunswick donne des thermopompes sans conduits aux foyers dont le revenu annuel est inférieur à 70 000 $ dans le cadre de son Programme éconergétique amélioré (un partenariat entre le gouvernement provincial et Énergie NB). À l’Île-du-Prince-Édouard, des thermopompes sont également offertes gratuitement aux propriétaires dont le revenu annuel est inférieur à 75 000 $. Mis en place après l’étude, ces programmes n’ont pas été pris en compte dans l’analyse, mais il est possible que la thermopompe gagne en popularité encore plus rapidement que prévu.

De manière générale, ces programmes d’aide couvrent une gamme de coûts initiaux pour les propriétaires, notamment celui de la thermopompe elle-même, de son installation, les rénovations résidentielles requises, le retrait de chaudière à mazout, ainsi que les systèmes de chauffage d’appoint.

Quels obstacles doit-on surmonter pour encourager l’utilisation de la thermopompe dans les Maritimes?

Malgré les signes d’une forte croissance du marché, le chauffage à mazout représente encore 44 % des sources de chauffage dans les Maritimes, et la transition s’accompagnera d’obstacles supplémentaires pour le remplacement de davantage de combustibles fossiles. Pensons à la longue attente avant de recevoir les remboursements des programmes de ristournes existants, à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui se fait ressentir avec l’augmentation de la demande d’installation et à l’aide financière supplémentaire pour les maisons obligées d’installer un système de chauffage d’appoint en plus d’une thermopompe. Tous ces facteurs peuvent affaiblir la confiance qu’accordent les propriétaires dans la transition vers la thermopompe, ralentissant ainsi son adoption.

C’est en surmontant ces obstacles et en améliorant les programmes existants que l’on peut tirer parti du progrès impressionnant accompli jusqu’ici dans la transition du mazout vers la thermopompe dans les Maritimes.


Arthur Zhang est associé de recherche à l’Institut climatique du Canada.

Que représente le mandat VZE pour l’infrastructure de recharge du Canada

L’infrastructure de recharge publique pour les véhicules électriques devra être au moins sept fois plus développée d’ici 2030.

Pour réduire les émissions de carbone du secteur du transport canadien, le nouveau mandat de vente de véhicules zéro émission du gouvernement fédéral exige que tous les véhicules légers neufs vendus au pays soient des véhicules électriques (VE) d’ici 2035, en plus de fixer des objectifs intermédiaires pour 2026 et 2030. La certitude que procurent ces objectifs est exactement ce qu’il faut pour stimuler le déploiement d’une infrastructure de recharge – soit, pour les besoins de cette analyse, l’ensemble de l’équipement de recharge public, qui exclut les bornes résidentielles – pour maintenir les VE à flot. Mais pour répondre à la demande en VE, il faudra multiplier considérablement le nombre de bornes de recharge publiques d’ici 2030.

Les gouvernements et les entreprises foncent à vive allure

Heureusement, on constate déjà des engagements substantiels tant du secteur public que du secteur privé pour la construction des stations de recharge nécessaires.

Depuis 2016, le gouvernement fédéral s’est engagé à consacrer 1,25 milliard de dollars au déploiement de cette infrastructure. Le but : l’ajout de 85 000 bornes de recharge financées par l’État au réseau national d’ici 2027. Les provinces et les municipalités se sont aussi dotées de programmes de recharge, comme le Electric Vehicle Charging Funding Program de l’Île-du-Prince-Édouard et l’EV Strategy de Toronto, qui prévoit des projets pilotes pour l’installation de bornes dans toute la ville. Les entreprises commencent aussi à rejoindre le mouvement. Par exemple, Alimentation Couche-Tard a commencé à installer des bornes de recharge dans beaucoup de ses dépanneurs l’an dernier.

Jusqu’à présent, ces programmes ont contribué à mettre en place près de 20 000 bornes publiques d’un bout à l’autre du pays, notamment par les précurseurs ChargePoint, FLO, Circuit Électrique et Tesla. Selon les dernières données de 2021 de Statistique Canada, 238 581 VE utilisent le réseau national, soit environ 13 véhicules par borne non résidentielle au pays (voir figure 1). 

Le ratio VE-borne idéal est assez variable : il faut s’attendre à ce qu’il augmente au fil du temps. À l’heure actuelle, ce ne sont pas les longues files devant les stations de recharge qui posent problème, mais plutôt la couverture du réseau et la rareté des bornes sur de longues distances. Cependant, en regard du nombre grandissant de VE sur la route et du raccourcissement des distances entre les bornes, on prévoit actuellement qu’un ratio de 24 VE par borne en 2030 serait viable, vu le foisonnement attendu des bornes résidentielles au Canada attribuable au nombre élevé de maisons unifamiliales.

Figure 1: Bien que l’on compte 13 VE par borne de recharge au Canada, l’accessibilité des bornes varie d’un endroit à l’autre.

Dépasser les attentes

L’initiative 440 mégatonnes a fait quelques calculs pour déterminer si le déploiement des bornes va bon train et déterminer le nombre d’ajouts nécessaires d’ici 2030. Nous nous sommes servis des prévisions sur les VE du scénario des politiques annoncées dans le Plan de réduction des émissions pour 2030, modélisé par Navius Research pour l’Institut climatique du Canada, qui tient compte du mandat VZE proposé. Nous avons aussi utilisé les ratios VE-borne du scénario de Dunsky, modélisé précisément pour le contexte canadien, qui prévoit une prépondérance des bornes résidentielles (20 VE par borne d’ici 2025 et 24 d’ici 2030) (figure 2). 

Sans tenir compte d’éventuels engagements d’autres gouvernements et du secteur privé, l’objectif fédéral de 85 000 bornes permettrait de répondre à la demande prévue dans le scénario de 20 VE par borne d’ici 2027 de Dunsky. Toutefois, étant donné l’explosion des VE prévue d’ici 2030, l’infrastructure de recharge accessible publiquement doit croître d’au moins 150 000 bornes pour atteindre le ratio de 24 prévu par Dunsky. L’atteinte de cet objectif nécessitera un développement important du réseau de recharge par les gouvernements et le secteur privé.

Figure 2: Le nombre de bornes de recharge publiques devra augmenter considérablement pour suivre la progression des VE.

Il est important de garder à l’esprit que la réussite de cette transition ne repose pas que sur le nombre de bornes disponibles, mais aussi sur l’emplacement de ces dernières. L’accès équitable devrait être une priorité. Le gouvernement pourrait ainsi intervenir davantage dans les endroits où les conditions du marché découragent l’installation de bornes par des entreprises privées. Plus particulièrement, il devra concentrer ses interventions dans les collectivités rurales et isolées ainsi que dans les zones urbaines où l’accès aux bornes résidentielles est restreint, comme les immeubles résidentiels à forte densité.

Globalement, le déploiement du réseau de recharge public dans une optique de transition énergétique au Canada demandera la concertation de tous les ordres de gouvernement, ainsi que des entreprises. Le mandat VZE fédéral permet de mieux prévoir la demande d’infrastructure de recharge. Il faut maintenant appuyer sur l’accélérateur et s’assurer que l’infrastructure garde le rythme – et que des bornes soient là quand on en a besoin.


Arthur Zhang est associé de recherche à l’Institut climatique du Canada et pour l’initiative 440 mégatonnes.

Pourquoi est-ce si difficile de se procurer un véhicule électrique au Canada?

Grâce au mandat de vente fédéral, il sera plus facile pour les automobilistes de toutes les provinces de s’asseoir au volant d’un véhicule zéro émission.

Quoi de neuf?

Le secteur du transport est le deuxième plus grand émetteur de carbone du Canada, et presque la moitié de ses émissions proviennent des voitures et des camions légers. L’accélération de la transition des véhicules à combustion interne aux véhicules zéro émission (VZE) aura donc un grand effet sur la décarbonisation du secteur.

Malheureusement, les automobilistes qui souhaitent prendre le virage des VZE se retrouvent coincés dans un embouteillage monstrueux. Plus de la moitié des Canadiens disent vouloir que leur prochaine voiture soit un VZE, mais le temps d’attente est long et l’accessibilité est variable – la plupart des rares véhicules sont distribués dans les provinces dotées de leur propre mandat de vente. Il s’agit d’un obstacle majeur pour la réduction des émissions du secteur, puisque les consommateurs continueront de se rabattre sur les voitures à combustion interne, faute de choix.

Notre analyse montre que le mandat fédéral proposé, qui établirait un objectif de vente pour les concessionnaires, faciliterait l’accès des consommateurs aux VZE.

Le mandat VZE en bref

Dans son Plan de réduction des émissions pour 2030 (PRE), le gouvernement fédéral s’est engagé à élaborer un mandat pour accélérer la vente de VZE, qui exige que 100 % des véhicules légers neufs vendus au pays soit des VZE d’ici 2035, en plus de fixer des objectifs intermédiaires de 20 % d’ici 2026 et de 60 % d’ici 2030. Bien que le pourcentage de ventes de VZE neufs ait augmenté de manière constante au cours des cinq dernières années – passant de 1 % en 2017 à 7 % cette année – cette proportion devra tripler dans les quatre prochaines années si nous voulons atteindre les objectifs fixés.

Un mandat de vente peut aider. Le Québec et la Colombie-Britannique en ont déjà un; ce n’est pas un hasard si ce sont les provinces où il est le plus facile de mettre la main sur un VZE.

Des VZE pour toutes les provinces et tous les territoires

Les retombées d’un mandat VZE sont nombreuses, mais l’un de ses principaux avantages, c’est de permettre aux personnes qui le souhaitent de se procurer plus rapidement un véhicule.

Nous avons analysé les prévisions de vente de VZE dans les provinces et les territoires selon trois scénarios du PRE de 2030 (figure 1). Seul le scénario intégrant les politiques inscrites dans une loi, les politiques en élaboration et les politiques annoncées dans le PRE tient compte du mandat VZE proposé.

Nous avons constaté que, sans mandat VZE fédéral, des écarts importants demeurent entre les provinces. Le Québec et la Colombie-Britannique – les seules provinces avec un mandat de vente – continuent de récolter la part du lion et d’afficher la majorité des ventes nationales. Plus de la moitié des VZE aboutissent dans ces deux provinces dans le scénario des politiques en élaboration et près des deux tiers dans celui des politiques inscrites dans une loi, malgré le fait qu’elles ne représentent que 37 % de la population canadienne.

Toutefois, avec le mandat fédéral en place, les ventes augmentent considérablement dans toutes les provinces et les territoires et sont réparties beaucoup plus équitablement dans l’ensemble du pays – près de 60 % des VZE seraient vendus ailleurs qu’au Québec et en Colombie-Britannique en 2030.

Figure 1: Un mandat favorise les ventes de VZE dans toutes les provinces et les territoires

Désengorger l’approvisionnement de VZE au Canada

Si un mandat fédéral favorise une distribution plus équitable au pays, il peut aussi être utile au Canada sur le plan de l’approvisionnement. 

Bien que le stock mondial de VZE connaisse une hausse rapide, les constructeurs automobiles privilégient nettement les territoires dotés d’une certaine forme de mandat de vente. La recherche indique d’ailleurs que dans ces territoires, on retrouve une bien plus grande proportion de ces véhicules et un meilleur choix de modèle. C’est aussi ce qu’on constate au Canada, et le même phénomène s’observe ailleurs dans le monde.

Sur la scène internationale, ce sont la Chine et l’Europe qui mènent le bal avec plus de 85 % des ventes mondiales de VZE l’an dernier. La Chine s’est dotée d’un mandat VZE et l’Europe s’est fixé un objectif volontaire de ventes qu’elle compte inscrire dans une loi. Loin derrière, les États-Unis arrivent au troisième rang avec 10 % des ventes mondiales de véhicules électriques. Si nos voisins du Sud n’ont pas de mandat à l’échelle nationale, 14 États en ont un. Et plus de 40 % de tous les VZE du pays sont enregistrés en Californie, État doté d’un mandat VZE depuis des dizaines d’années.

La liste des territoires qui ont un mandat VZE s’allonge rapidement. Le Royaume-Uni prévoit de lancer le sien d’ici 2024. De plus, à la COP 27, plus de 40 pays ont convenu d’un objectif commun : que toutes les ventes de véhicules à passagers neufs soient des VZE d’ici 2040. Évidemment, un mandat VZE fédéral ne peut rien contre les problèmes mondiaux de la chaîne d’approvisionnement, mais il pourrait aider le Canada à se démarquer dans le contexte mondial de rareté des véhicules électriques.

La transition des véhicules à combustion interne aux VZE – parallèlement à la valorisation du transport en commun et du transport actif – est essentielle pour réduire les émissions du secteur du transport et atteindre les objectifs climatiques du Canada. Toutefois, la transition n’est possible que si les automobilistes peuvent mettre la main sur des véhicules électriques, une denrée rare. Un mandat fédéral peut contribuer à l’approvisionnement de véhicules au Canada et en améliorer l’accès dans l’ensemble des provinces et des territoires.


Anna Kanduth était la directrice de l’initiative 440 mégatonnes à l’Institut climatique du Canada.

Les codes du bâtiment à la loupe

Comme en témoigne la Colombie-Britannique, les codes du bâtiment peuvent aider les provinces à entreprendre la transition du gaz à l’électrique dans le chauffage résidentiel.

Un appareil de chauffage peut durer des dizaines d’années, ce qui veut dire que les systèmes installés par les propriétaires et les promoteurs aujourd’hui risquent de freiner la décarbonisation pendant encore longtemps. Pour atteindre les objectifs climatiques du Canada, il faudra donc remplacer les appareils actuels, un changement qui peut s’avérer complexe et coûteux. Il serait possible de faire d’importantes économies en optant pour un nouveau stock de capital carboneutre dès le départ. Les codes du bâtiment constituent d’ailleurs un moyen concret pour s’assurer que les nouvelles constructions et les nouveaux appareils de chauffage répondent aux objectifs de carboneutralité.

La Colombie-Britannique tire un trait sur le gaz

Le remplacement du chauffage à combustible fossile par le chauffage électrique est un grand facteur de réduction des émissions issues des bâtiments. Mais pour certaines provinces, la transition est plus difficile. À l’heure actuelle, plus de la moitié des appareils de chauffage de l’Alberta, de l’Ontario, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique sont au gaz, et les chaumières du Canada atlantique et des régions nordiques dépendent largement du mazout. Le gouvernement fédéral prévoit une enveloppe de 250 millions de dollars pour aider les ménages à remplacer le mazout par la thermopompe, mais il n’existe pas de programme équivalent pour le chauffage au gaz.

Plus tôt cette année, l’Institut climatique du Canada et Navius Research ont simulé le Plan de réduction des émissions pour 2030 du gouvernement fédéral. Notre analyse des politiques déjà annoncées par le fédéral, les provinces et les territoires indique que, parmi les quatre provinces dépendantes au gaz pour le chauffage résidentiel, c’est la Colombie-Britannique qui aura la transition la plus rapide vers l’électricité avant la fin de la décennie (figure 1). Qu’est-ce que cette province a de plus que les autres? Non seulement son électricité est relativement abondante et abordable, mais elle est la seule province du Canada à s’être dotée de plans clairs pour inscrire la carboneutralité dans le code du bâtiment.

Figure 1 : La Colombie-Britannique se démarque des autres provinces comparables par la rapidité de sa transition du gaz vers l’électricité dans le chauffage résidentiel

En 2021, le gouvernement britanno-colombien s’est engagé à mettre à jour le code du bâtiment provincial pour que toutes les nouvelles constructions soient carboneutres d’ici 2030. Il a également résolu d’intégrer des normes d’efficacité pour faire en sorte qu’après 2030, tout équipement acheté et installé dans la province soit au moins efficace à 100 % (l’efficacité des thermopompes peut dépasser 100 % puisqu’elles consomment moins d’énergie qu’elles en produisent).

Notre analyse montre qu’en tenant compte des politiques fédérales et provinciales actuelles – y compris les codes du bâtiment et normes d’efficacité dont vient de se doter la Colombie-Britannique – la consommation de gaz dans les résidences de la province diminuera de 35 % d’ici la fin de la décennie, en passant de 60 % du parc d’appareils en 2019 à environ 39 % en 2030.

D’ici 2030, nos prévisions indiquent que le gaz sera rapidement remplacé par l’électricité pour le chauffage et la climatisation. Combinés, le chauffage par résistance électrique et les thermopompes passeront de 35 % du parc total en 2019 à 56 % en 2030. 

En comparaison, il existe des politiques comme la tarification du carbone et des rabais sur les thermopompes en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario, mais ces provinces n’ont pas pris d’engagements officiels quant à des codes du bâtiment carboneutres et des normes d’efficacité des appareils plus rigoureuses. On y prévoit beaucoup moins de changement au cours des prochaines années, la majorité du parc d’appareils de chauffage résidentiel fonctionnant encore au gaz. En Alberta, par exemple, la consommation de gaz demeurera constante dans les années à venir, avoisinant 94 % du parc total (figure 2).

Figure 2: Les politiques actuelles ne suffisent pas à déloger le gaz du sommet en Alberta

En somme, bien que les mesures incitatives fédérales et provinciales pour le chauffage sobre en carbone puissent engendrer des changements graduels, elles n’entraînent pas la transformation nécessaire pour réduire les émissions dans le secteur.

La balle est dans le camp des provinces

Le code du bâtiment représente un moyen prometteur pour réduire les émissions du secteur résidentiel, et les provinces ont un rôle prépondérant à jouer. Bien que le gouvernement fédéral propose des modèles de code du bâtiment, ce sont les provinces et territoires, et dans certains cas les municipalités, qui les adoptent.

L’adoption de codes fédéraux par les provinces s’est faite plutôt rare jusqu’à maintenant, mais la situation est sur le point de changer. Le gouvernement fédéral compte élaborer un modèle de code carboneutre d’ici 2024 et l’ensemble des provinces et des territoires ont accepté d’harmoniser leur code du bâtiment avec les recommandations nationales l’année suivante.

Mais rien n’empêche les provinces de devancer l’initiative du fédéral. Elles peuvent se démarquer en s’engageant à adopter des codes et des normes plus stricts que les exigences fédérales minimales. 

Les provinces peuvent aussi accorder aux municipalités la possibilité de fixer des codes plus ambitieux que ceux de la province, comme l’ont fait la Colombie-Britannique et d’autres provinces. Par exemple, Vancouver a pris une longueur d’avance en adoptant en 2020 un règlement de construction qui exige que tous les nouveaux immeubles de faible hauteur soient équipés d’appareils pour le chauffage de l’eau et de l’air carboneutres. De même, le Québec a banni le chauffage au mazout des nouvelles constructions et prévoit interdire le remplacement de chaudières au mazout par un système à combustible fossile. 

Plus les provinces tardent à mettre en place un code du bâtiment carboneutre et des normes d’efficacité rigoureuses, plus la réduction des émissions du secteur et l’atteinte des cibles climatiques du Canada seront ardues.


Anna Kanduth était la directrice de l’initiative 440 mégatonnes à l’Institut climatique du Canada.