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Pourquoi est-ce si difficile de se procurer un véhicule électrique au Canada?

Grâce au mandat de vente fédéral, il sera plus facile pour les automobilistes de toutes les provinces de s’asseoir au volant d’un véhicule zéro émission.

Quoi de neuf?

Le secteur du transport est le deuxième plus grand émetteur de carbone du Canada, et presque la moitié de ses émissions proviennent des voitures et des camions légers. L’accélération de la transition des véhicules à combustion interne aux véhicules zéro émission (VZE) aura donc un grand effet sur la décarbonisation du secteur.

Malheureusement, les automobilistes qui souhaitent prendre le virage des VZE se retrouvent coincés dans un embouteillage monstrueux. Plus de la moitié des Canadiens disent vouloir que leur prochaine voiture soit un VZE, mais le temps d’attente est long et l’accessibilité est variable – la plupart des rares véhicules sont distribués dans les provinces dotées de leur propre mandat de vente. Il s’agit d’un obstacle majeur pour la réduction des émissions du secteur, puisque les consommateurs continueront de se rabattre sur les voitures à combustion interne, faute de choix.

Notre analyse montre que le mandat fédéral proposé, qui établirait un objectif de vente pour les concessionnaires, faciliterait l’accès des consommateurs aux VZE.

Le mandat VZE en bref

Dans son Plan de réduction des émissions pour 2030 (PRE), le gouvernement fédéral s’est engagé à élaborer un mandat pour accélérer la vente de VZE, qui exige que 100 % des véhicules légers neufs vendus au pays soit des VZE d’ici 2035, en plus de fixer des objectifs intermédiaires de 20 % d’ici 2026 et de 60 % d’ici 2030. Bien que le pourcentage de ventes de VZE neufs ait augmenté de manière constante au cours des cinq dernières années – passant de 1 % en 2017 à 7 % cette année – cette proportion devra tripler dans les quatre prochaines années si nous voulons atteindre les objectifs fixés.

Un mandat de vente peut aider. Le Québec et la Colombie-Britannique en ont déjà un; ce n’est pas un hasard si ce sont les provinces où il est le plus facile de mettre la main sur un VZE.

Des VZE pour toutes les provinces et tous les territoires

Les retombées d’un mandat VZE sont nombreuses, mais l’un de ses principaux avantages, c’est de permettre aux personnes qui le souhaitent de se procurer plus rapidement un véhicule.

Nous avons analysé les prévisions de vente de VZE dans les provinces et les territoires selon trois scénarios du PRE de 2030 (figure 1). Seul le scénario intégrant les politiques inscrites dans une loi, les politiques en élaboration et les politiques annoncées dans le PRE tient compte du mandat VZE proposé.

Nous avons constaté que, sans mandat VZE fédéral, des écarts importants demeurent entre les provinces. Le Québec et la Colombie-Britannique – les seules provinces avec un mandat de vente – continuent de récolter la part du lion et d’afficher la majorité des ventes nationales. Plus de la moitié des VZE aboutissent dans ces deux provinces dans le scénario des politiques en élaboration et près des deux tiers dans celui des politiques inscrites dans une loi, malgré le fait qu’elles ne représentent que 37 % de la population canadienne.

Toutefois, avec le mandat fédéral en place, les ventes augmentent considérablement dans toutes les provinces et les territoires et sont réparties beaucoup plus équitablement dans l’ensemble du pays – près de 60 % des VZE seraient vendus ailleurs qu’au Québec et en Colombie-Britannique en 2030.

Figure 1: Un mandat favorise les ventes de VZE dans toutes les provinces et les territoires

Désengorger l’approvisionnement de VZE au Canada

Si un mandat fédéral favorise une distribution plus équitable au pays, il peut aussi être utile au Canada sur le plan de l’approvisionnement. 

Bien que le stock mondial de VZE connaisse une hausse rapide, les constructeurs automobiles privilégient nettement les territoires dotés d’une certaine forme de mandat de vente. La recherche indique d’ailleurs que dans ces territoires, on retrouve une bien plus grande proportion de ces véhicules et un meilleur choix de modèle. C’est aussi ce qu’on constate au Canada, et le même phénomène s’observe ailleurs dans le monde.

Sur la scène internationale, ce sont la Chine et l’Europe qui mènent le bal avec plus de 85 % des ventes mondiales de VZE l’an dernier. La Chine s’est dotée d’un mandat VZE et l’Europe s’est fixé un objectif volontaire de ventes qu’elle compte inscrire dans une loi. Loin derrière, les États-Unis arrivent au troisième rang avec 10 % des ventes mondiales de véhicules électriques. Si nos voisins du Sud n’ont pas de mandat à l’échelle nationale, 14 États en ont un. Et plus de 40 % de tous les VZE du pays sont enregistrés en Californie, État doté d’un mandat VZE depuis des dizaines d’années.

La liste des territoires qui ont un mandat VZE s’allonge rapidement. Le Royaume-Uni prévoit de lancer le sien d’ici 2024. De plus, à la COP 27, plus de 40 pays ont convenu d’un objectif commun : que toutes les ventes de véhicules à passagers neufs soient des VZE d’ici 2040. Évidemment, un mandat VZE fédéral ne peut rien contre les problèmes mondiaux de la chaîne d’approvisionnement, mais il pourrait aider le Canada à se démarquer dans le contexte mondial de rareté des véhicules électriques.

La transition des véhicules à combustion interne aux VZE – parallèlement à la valorisation du transport en commun et du transport actif – est essentielle pour réduire les émissions du secteur du transport et atteindre les objectifs climatiques du Canada. Toutefois, la transition n’est possible que si les automobilistes peuvent mettre la main sur des véhicules électriques, une denrée rare. Un mandat fédéral peut contribuer à l’approvisionnement de véhicules au Canada et en améliorer l’accès dans l’ensemble des provinces et des territoires.


Anna Kanduth est associée de recherche principale à l’Institut climatique du Canada.