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L’électrification, pivot de l’avancement de la politique climatique canadienne

Quelle que soit la trajectoire empruntée pour réduire les émissions de 440 Mt d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité d’ici 2050, l’électrification est un incontournable.

Quoi de neuf?

Toutes les trajectoires vers l’atteinte des cibles canadiennes de réduction des émissions ont un point en commun : l’incontournable électrification des technologies, autrement dit leur transition des combustibles fossiles à l’électricité propre. 

Il est essentiel de comprendre que l’électrification ne se résume pas simplement à l’achat par les particuliers de véhicules électriques et de thermopompes, même si ces solutions ont un poids considérable. Elle s’inscrit plutôt dans la transition vers la sobriété en carbone de pratiquement tous les secteurs de l’économie canadienne, du transport de marchandises à la fabrication.

Pour une électrification massive

Dans une analyse antérieure, l’Institut climatique du Canada et Navius Research ont examiné les trajectoires rentables vers la réduction de 440 Mt d’émissions d’ici 2030 et la carboneutralité d’ici 2050. Pour l’économie dans son ensemble, l’électrification à elle seule pourrait retrancher des émissions 43 Mt d’ici 2030 (14 % de la réduction requise pour atteindre la cible de 2030) et 178 Mt d’ici 2050 (environ le quart de la réduction requise pour atteindre la carboneutralité). Si on ajoute au calcul l’électricité propre, plus précisément du côté de l’offre, la réduction potentielle des émissions découlant de cette volte-face bondit à 37 % de la cible canadienne de carboneutralité d’ici 2050. 

En explorant les différents paramètres de la figure 1, on peut voir le rôle de l’électrification dans le secteur du bâtiment, du transport et de l’industrie jusqu’en 2030 et 2050. Même dans nos trajectoires vers la carboneutralité aux hypothèses optimistes pour les solutions technologiques représentant des « paris risqués », l’électrification est une solution importante pour la cible de 2030 et un moteur crucial de réduction des émissions d’ici 2050 pour ces trois secteurs. Autrement dit, même dans les scénarios idéaux pour les solutions de remplacement, l’électrification demeure le pivot de la transition. 

Parmi les politiques actuelles en appui à l’électrification, on note la tarification du carbone dans l’économie entière, le mandat proposé pour les véhicules zéro émission, l’aide financière pour l’installation de thermopompes résidentielles et commerciales, l’initiative Accélérateur net zéro et d’autres. Il faudra une mise en œuvre rapide et efficace de ces politiques afin d’accélérer l’électrification de sorte qu’elle atteigne la cadence et l’échelle nécessaires pour toucher la cible de 2030 du Canada. 

Équilibrer offre et demande

Toutefois, il faudra de nouvelles politiques, encore plus robustes, en faveur de l’électrification pour arriver à la carboneutralité d’ici 2050. Face à la demande croissante en électricité – hausse qui ajoutera d’ailleurs un poids considérable sur l’offre –, les mesures gouvernementales peuvent notamment consolider la chaîne d’approvisionnement en nouvelles technologies et le bassin de main-d’œuvre capable de les fabriquer et de les installer. Les réseaux électriques canadiens devront devenir plus grands, plus propres et plus intelligents pour répondre à la demande accrue des secteurs du bâtiment, du transport et de l’industrie; on s’attend d’ailleurs à ce que cette demande aille jusqu’à doubler d’ici 2050. Tous les ordres de gouvernement devront coordonner leurs efforts, notamment pour la mise en œuvre efficace du règlement sur l’électricité propre proposé, si l’on veut réaliser l’électrification de masse essentielle aux avancées du Canada d’ici 2030 et 2050.