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La thermopompe promet d’importantes réductions d’émissions dans les bâtiments

D’ici 2030, les thermopompes devront assurer plus de 10 % du chauffage résidentiel au Canada – soit presque le double de la part actuelle – si nous voulons atteindre les cibles climatiques nationales.

Quoi de neuf?

Depuis 2005, les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bâtiments résidentiels sont stables. Il est pourtant essentiel de les réduire si nous voulons atteindre les objectifs climatiques du Canada.

Avec sa promesse d’un système de chauffage et de climatisation alliant propreté et grande efficacité, la thermopompe est sur le point de prendre le secteur d’assaut. Cependant, son déploiement s’avère encore trop lent pour placer le secteur des bâtiments résidentiels sur la trajectoire vers la cible de 2030 du Canada. Le chauffage de l’air et de l’eau étant responsable de près de 80 % des émissions du secteur, l’adoption généralisée de la thermopompe serait décisive… à condition toutefois que le déploiement s’accélère.

L’importance de la thermopompe

La thermopompe joue un rôle essentiel dans la transition énergétique du Canada pour plusieurs raisons.

D’abord, elle fonctionne à l’électricité, plutôt qu’aux combustibles fossiles, ce qui en fait un outil de choix pour favoriser une volte-face du Canada qui mise sur l’électricité propre. Elle consomme jusqu’à 70 % moins d’énergie que les systèmes de chauffage résidentiels conventionnels, promettant des économies pour les propriétaires et des locataires.

En outre, utilisée autant pour le chauffage que la climatisation, la thermopompe peut être une stratégie d’adaptation aux changements climatiques, particulièrement dans les régions comme la Colombie-Britannique où la plupart des ménages n’ont pas l’air conditionné, mais sont aux prises avec des vagues de chaleur de plus en plus intenses et fréquentes.

Un indicateur précurseur de la décarbonisation

Selon la nouvelle Boussole des trajectoires d’émissions du projet 440 mégatonnes, la mise en œuvre des politiques déjà annoncées par le fédéral, les provinces et les territoires pourrait inverser la tendance des émissions et mettre le secteur des bâtiments résidentiels sur la bonne voie pour atteindre les cibles climatiques de 2030 du Canada.

Figure 1: La mise en œuvre des politiques annoncées pourrait inverser la tendance des émissions issues des bâtiments résidentiels

Total greenhouse gas emissions for residential buildings. Under the Emissions Reduction Plan’s legislated policies, greenhouse gas emissions in the residential buildings sector are projected to be behind the net zero pathway by 1.8 megatonnes in 2030.
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Toutefois, la part de chauffage résidentiel fournie par les thermopompes – un indicateur précurseur de la décarbonisation du secteur du bâtiment – doit augmenter plus rapidement pour répondre aux objectifs climatiques du Canada.

Le nombre de thermopompes installées dans les résidences canadiennes a connu une augmentation constante, passant de 400 000 à 850 000 unités au cours des 15 dernières années. Cependant, durant la même période, la part du chauffage résidentiel fournie par les thermopompes est seulement passée de 4 à 6 % environ. Pour atteindre les prévisions établies dans le Plan de réduction des émissions, cette part de chauffage total devra doubler dans les huit prochaines années pour représenter plus de 8 % du chauffage résidentiel.

Un effort commun

Les politiques décrites dans le Plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral – auxquelles s’ajoutent les mesures prises par des provinces, des municipalités et des communautés autochtones – pourraient grandement contribuer à accélérer l’adoption de la thermopompe.

Parmi les politiques fédérales, on peut citer la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes, la Stratégie canadienne pour les bâtiments verts et le financement pour les rénovations résidentielles, notamment celui des provinces et territoires dans le cadre du Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone (FEFEC) pour les ménages à faible revenu qui utilisent le chauffage au mazout. Plusieurs provinces et territoires ont mis en place des politiques pour accélérer le passage à la thermopompe, comme des normes de construction, des programmes de rénovation et des rabais.

Cependant, ces politiques ne parviennent pas encore à faire doubler la part des thermopompes d’ici 2030, malgré un intérêt grandissant pour ce système de chauffage dans tout le Canada. À l’échelle fédérale, la Stratégie canadienne pour les bâtiments verts ne dit à peu près rien sur les moyens à prendre pour atteindre la carboneutralité dans le secteur du bâtiment d’ici 2050. On ne sait pas très bien non plus comment les provinces accorderont les subventions de rénovation du FEFEC. Et la tentative de favoriser l’adoption des thermopompes résidentielles de la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes ne s’est pas faite sans heurts.

Pour faire reculer les émissions liées aux bâtiments résidentiels, il faut mettre en place des politiques de façon rapide, efficace et concertée pour s’assurer que les thermopompes sont accessibles à tous les ménages canadiens en nombre suffisant. Ainsi, tous les ordres de gouvernement devront collaborer pour faire de la thermopompe le système de chauffage et de climatisation par excellence dans les nouvelles constructions ainsi que les projets de rénovation.

En chiffres

  • Les bâtiments résidentiels sont à l’origine de 6 % des émissions de GES du Canada, soit 40 Mt.
  • Près de 80 % des émissions générées par le secteur du bâtiment proviennent du chauffage de l’air et de l’eau.
  • Le nombre de foyers canadiens ayant adopté la thermopompe est passé de 4 à 5 % de 2005 à 2019.
  • Nous avons modélisé le Plan de réduction des émissions avec Navius Research. Selon les politiques inscrites dans une loi, les politiques en élaboration et les politiques annoncées dans le Plan, la part des thermopompes dans le chauffage résidentiel au Canada devrait dépasser les 10 % d’ici 2030.