Skip to content
Crédit d'image : Une thermopompe est visible à l'extérieur d'une nouvelle maison unifamiliale le lundi 12 août 2024. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

Les thermopompes remplacent de plus en plus les appareils à combustible fossile dans les foyers canadiens

Les données montrent que le nombre de nouvelles thermopompes expédiées est presque égal à celui des fournaises à combustible fossile.

Les thermopompes jouent un rôle important dans la réduction des émissions résidentielles, car elles fonctionnent à l’électricité et peuvent être trois fois plus efficaces qu’une fournaise au gaz typique. Non seulement elles peuvent contribuer à réduire la dépendance du Canada aux combustibles fossiles, mais elles utilisent également moins d’électricité que les autres technologies. Les plinthes électriques, par exemple, ne sont que 15 % plus efficaces que les fournaises à gaz. Il s’agit d’une contribution importante dans un secteur qui représente environ 13 % des émissions totales du Canada.

Le moyen le plus rentable d’atteindre les objectifs climatiques du Canada serait de faire passer les ménages aux thermopompes. L’analyse des trajectoires vers la carboneutralité les plus rentables de l’Institut anticipe que les thermopompes représenteront 10 % du chauffage résidentiel au Canada d’ici 2030, et pourraient même aller jusqu’à 99 % d’ici 2050

Mais il est difficile de faire le suivi du taux d’adoption en temps réel, car les données publiques sur l’utilisation des thermopompes peuvent avoir jusqu’à trois ans de retard. Pour combler cet écart, 440 mégatonnes a analysé les données d’expédition des systèmes de chauffage à titre d’indicateurs précoces de l’avancement de l’électrification du chauffage et de la climatisation au Canada.

Le nombre de thermopompes expédiées rattrape celui des fournaises

Les données d’expédition permettent de savoir combien de thermopompes sont expédiées vers le Canada. Ce n’est pas un indicateur parfait, car il ne permet pas de savoir quand les thermopompes sont achetées ou installées, si elles ont traversé des frontières provinciales ou territoriales avant leur achat ni si elles sont la source principale de chauffage d’un bâtiment ou non. Néanmoins, ces données peuvent donner un indice précoce de l’augmentation de l’utilisation à mesure que les Canadiens achètent et installent des thermopompes.

Nous avons utilisé les données de l’Institut canadien du chauffage, de la climatisation et de la réfrigération (ICCCR) pour comparer les expéditions de fournaises à combustible fossile dans les cinq dernières années à celles de différents types de thermopompes (monobloc, à deux blocs et à bloc sans conduits). 

Les taux annuels d’augmentation des expéditions à la figure 1 montrent une tendance positive pour la transition vers les thermopompes. Depuis 2020, les expéditions de thermopompes ont augmenté en moyenne de 5 % par année, alors que celles des fournaises ont baissé en moyenne de 3,4 %. L’écart entre les expéditions de thermopompes et de fournaises a donc considérablement diminué : on estime 0,84 thermopompe par fournaise expédiée, contre 0,57 en 2020.

Le Québec et le Canada atlantique sont en tête pour les expéditions de thermopompes

En ce qui concerne les expéditions par province, le Québec est en tête pour le nombre de thermopompes expédiées, suivi par l’Ontario, la Colombie-Britannique et le Canada atlantique. Ce sont les provinces des Prairies qui ont les taux de croissance annuels les plus élevés, notamment l’Alberta, qui affiche une croissance annuelle moyenne de 32,9 % pour les cinq dernières années.

Les expéditions de fournaises ont également baissé en moyenne de 3,4 % par année au Canada, c’est-à-dire d’environ 50 000 unités au cours des cinq dernières années, principalement au Québec et dans les provinces de l’Atlantique, où la diminution est beaucoup plus marquée. Similairement, en ce qui concerne le ratio de thermopompes par fournaise expédiées, le Québec et les provinces de l’Atlantique sont largement en tête, avec plus de 50 thermopompes par fournaise. Il faut toutefois noter que, si les fournaises s’installent généralement seules, certains foyers ont besoin de plusieurs thermopompes (habituellement deux ou trois) pour couvrir leurs besoins. Or, même en compensant cette différence, le nombre de thermopompes demeure supérieur au nombre de fournaises dans ces deux régions.

Historiquement, quelques facteurs ont contribué à l’adoption des thermopompes dans les provinces de l’Atlantique, notamment les hivers relativement doux par rapport au reste du Canada, la volatilité des prix du mazout de chauffage qui a coûté cher aux ménages, et d’importantes mesures incitatives comme des subventions et des rabais. Au Québec, en plus des rabais provinciaux, le fait que le prix de l’électricité est le plus bas au Canada a favorisé l’adoption. Dans les Prairies, les thermopompes étaient moins avantageuses, car le prix du gaz naturel est plus bas que celui de l’électricité. Au cours des dernières années cependant, avec l’augmentation de la demande en matière de climatisation, plus de foyers ont choisi de passer à la thermopompe plutôt qu’au climatiseur. 

Pour résumer : d’abord, les expéditions de thermopompes sont demeurées élevées dans l’ensemble du Canada au cours des cinq dernières années, et celles de fournaises ont baissé, ce qui réduit plus que jamais l’écart entre les deux. Ensuite, les données provinciales montrent que le Québec et les provinces de l’Atlantique restent en tête en ce qui concerne le ratio de thermopompes et de fournaises expédiées, et l’utilisation commence à s’accélérer dans les endroits historiquement plus frileux, comme l’Alberta.

L’utilisation des thermopompes au Canada est à la hausse, mais doit s’accélérer

Malgré le retard des données sur l’utilisation des thermopompes dans les foyers canadiens, il vaut la peine de les comparer à celles sur les expéditions ci-dessus pour révéler les tendances.

Dans l’ensemble, les données sur le stock des systèmes de chauffage de la Base de données complète sur la consommation d’énergie montrent des tendances similaires en matière d’utilisation des thermopompes. Le pourcentage des foyers canadiens avec des thermopompes a augmenté de 4,8 % à 6,1 %, ce qui s’approche du 10 % prévu en 2030 par l’étude de l’Institut (figure 2). Toutefois, pour que cet objectif soit atteint, les ventes de thermopompes devront s’accélérer.

Comme avec les données sur les expéditions, celles sur l’utilisation des thermopompes montrent que le Canada atlantique et le Québec sont en tête. Les provinces de l’Atlantique ont largement passé le cap des 10 %, et le Québec s’en rapproche. L’utilisation dans le reste du Canada demeure relativement basse, sauf pour la Colombie-Britannique, où elle commence à augmenter. Cependant, les données sur les expéditions dans les autres provinces et territoires montrent une croissance au cours des dernières années, et nous nous attendons à ce que l’utilisation en fasse rapidement de même.

Un soutien politique sera vraisemblablement nécessaire pour promouvoir l’utilisation dans les régions nordiques où les thermopompes basse température ne sont pas aussi avantageuses par rapport aux systèmes au gaz ainsi que pour s’attaquer aux obstacles à l’équité, comme les coûts initiaux pour les ménages à faible revenu. Par exemple, le Programme d’économies de rénovation domiciliaire de l’Ontario offre des rabais allant jusqu’à 7 500 $ sur les thermopompes basse température, et le programme d’économies d’énergie de CleanBC a récemment été élargi pour soutenir davantage les ménages à faible revenu et les locataires.

La sensibilisation du public et la formation de la main-d’œuvre avec les thermopompes seront également importantes pour prévenir les goulots d’étranglement par manque de main-d’œuvre. Ces investissements permettront de s’assurer que les propriétaires comprennent pleinement les fonctionnalités de leurs thermopompes et qu’elles sont correctement installées dans les foyers canadiens.

Les expéditions de thermopompes augmentent déjà dans certaines régions, mais encore faut-il que le reste du Canada leur emboîte le pas.


Arthur Zhang est associé de recherche principal à l’Institut climatique du Canada.