Cette nouvelle capacité ajouterait l’équivalent du tiers du réseau d’électricité de l’Ontario.
L’électricité sera au cœur de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Alors que le Canada assure sa décarbonisation en passant à des technologies propres, comme les véhicules électriques (VE) et les thermopompes, des études de l’Institut climatique du Canada montrent que le pays doit également bâtir un réseau électrique plus grand, plus propre et plus intelligent.
Dans le cas des services publics de l’électricité au Canada, la hausse rapide de la demande en électricité fait en sorte qu’ils doivent bâtir davantage, et bâtir plus rapidement.
Dans le cadre d’une analyse précédente, nous avons évalué la capacité de production d’électricité propre possible partout au Canada. L’analyse de cette semaine évalue la quantité d’électricité propre que les services publics cherchent à obtenir.
Appétit croissant du Canada pour l’électricité
Une hausse de la demande en électricité exige une capacité de production accrue. Ce n’est pas une relation proportionnelle; selon des études de l’Institut, une demande de 1,6 à 2,2 fois supérieure signifie que le Canada aura besoin d’une capacité de production de 2,2 à 3,4 fois plus élevée.
Ces estimations vont aussi relativement de pair avec les projections des services publics partout au pays (figure 1). Par exemple, le scénario d’électrification accélérée du plan actualité des ressources intégrées de BC Hydro prévoit que la demande en électricité dans la province augmentera d’environ 40 pour cent d’ici 2041. Dans le cas de l’Ontario, la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (SIERE) a dû revoir ses projections l’an dernier, faisant passer la hausse de la demande de 60 pour cent à 75 pour. cent d’ici 2050.
Au Canada, ce sont les provinces qui sont chargées de satisfaire cette demande croissante en électricité. La manière dont chaque province obtient l’approvisionnement nécessaire pour satisfaire la demande varie, et dépend grandement de la manière dont les marchés d’électricité sont organisés.
Dans la majorité des régions au pays, des monopoles réglementés qui appartiennent à l’État ou des services publics d’État sont chargés de la production et de la livraison de l’électricité. Cependant, comme la demande en électricité a augmenté en même temps que la disponibilité de l’énergie éolienne et solaire moins chère, ces services publics se tournent de plus en plus vers les producteurs d’électricité indépendants pour obtenir de nouvelles sources d’approvisionnement. En revanche, l’Alberta dispose d’un marché de l’énergie déréglementé et compte sur différents mécanismes pour fournir l’énergie au réseau.
Notre analyse se concentre sur les monopoles réglementés appartenant à l’État ou les services publics de l’État et leurs plans d’approvisionnement pour répondre à la demande croissante en électricité.
L’énergie éolienne, l’énergie solaire et la capacité de stockage devraient doubler dans sept provinces
Notre analyse a porté sur sept provinces disposant de plans d’approvisionnement à long terme et a révélé que, depuis 2023, près de 14 000 mégawatts (MW) de capacité de production et de stockage d’énergie renouvelable autre que l’hydroélectricité ont été achetés ou sont en voie de l’être.
Cela correspond à l’ajout de plus du tiers de la capacité de production totale du réseau ontarien. Ensemble, l’achat de capacité prévu jusqu’à maintenant représente presque un doublement de la capacité en énergie éolienne et en énergie solaire existante dans ces sept provinces.
L’Ontario se trouve actuellement au premier rang de l’approvisionnement pour la prochaine décennie, avec un objectif d’environ 6 800 MW de capacité renouvelable à acquérir d’ici 2030. Cela représente près de la moitié de l’ensemble des achats d’énergie renouvelable prévus dans les sept provinces. L’approvisionnement en Ontario est géré par la SIERE dans le cadre de marchés conclus à la suite de demandes de propositions à long terme (DP LT), et est orienté par le cadre d’adéquation des ressources de la SIERE. Le fait d’atteindre cet objectif permettrait de plus que doubler la capacité de transmission connectée actuelle de l’ensemble de l’énergie éolienne et solaire dans la province.
Récemment, un nombre considérable de nouveaux projets d’énergie éolienne a également été retenu au Québec et en Colombie-Britannique. Les deux services publics ont obtenu une capacité d’énergie éolienne d’environ 1 600 MW chacun. L’approvisionnement récent de BC Hydro va de pair avec le plan de ressources intégrées qu’il a récemment actualisé, et le service public prévoit également de lancer plus fréquemment des appels à la concurrence pour l’achat d’électricité à l’avenir. Le Québec vise également à tripler la production d’énergie éolienne grâce à une nouvelle capacité d’énergie éolienne de plus de 10 000 MW d’ici 2035.
L’an dernier, le Manitoba avait prévu de lancer un appel d’offres pour une nouvelle capacité d’énergie éolienne de 600 MW, dans le cadre du plan d’énergie abordable du Manitoba.
D’autres provinces ont également indiqué qu’il est nécessaire d’augmenter de manière considérable la production d’électricité propre, mais n’ont pas encore offert d’autres possibilités d’approvisionnement. La Saskatchewan vise notamment à ajouter une production d’énergie éolienne et d’énergie solaire de 3 000 MW au réseau d’ici 2035, et a commencé à acheter 800 MW d’énergie solaire au cours des dernières années.
Le Nouveau-Brunswick a lancé un appel à déclaration d’intérêt pour la production et le stockage d’énergie renouvelable de 270 MW en 2023. Le gouvernement provincial a décrit un approvisionnement en énergie éolienne de 1 400 MW jusqu’en 2033 dans sa feuille de route.
Le Plan d’énergie propre de la Nouvelle-Écosse prévoit également ajouter plus de 1 000 MW dans le cadre de nouveaux projets d’énergie éolienne et 300 MW dans le cadre de projets d’énergie solaire d’envergure d’ici 2030, avec des achats futurs susceptibles d’être faits en 2025 et 2027.
Dans son examen sur la fiabilité et l’adéquation des ressources de 2024, Terre-Neuve a également indiqué avoir besoin d’une nouvelle capacité d’énergie éolienne de 400 MW. Cependant, la province n’a pas encore précisé comment elle l’obtiendra.
Plusieurs de ces programmes d’approvisionnement sont de plus en plus axés sur des projets d’électricité propre appartenant en majorité à des Autochtones. Par exemple, l’appel d’offres du Manitoba cible précisément les projets desquels des Autochtones sont propriétaires à au moins 51 p. cent, avec une condition prévoyant 25 p. cent de capitaux propres. En Colombie-Britannique, huit des neuf projets retenus dans le cadre du dernier appel d’offres de BC Hydro comprenaient une participation de 51 p. cent des Premières Nations.
Ces approvisionnements additionnels sont des nouvelles encourageantes. Pour poursuivre sur la même lancée, les provinces peuvent établir des calendriers ou intégrer l’approvisionnement futur à la planification des ressources dans le cadre de feuilles de route en matière de carboneutralité. Une planification à plus long terme de l’approvisionnement peut procurer aux promoteurs un degré de certitude supérieur en ce qui concerne les rondes futures de financement offert.
Grâce à une planification intelligente, l’approvisionnement pourra veiller à ce que la population canadienne jouisse d’un avenir axé sur l’électricité propre.
Arthur Zhang est associé principal de recherche à l’Institut climatique du Canada.