Ensemble, le solaire et l’éolien peuvent améliorer la fiabilité du réseau électrique du Canada.
Il est primordial de développer le parc éolien et solaire de l’ensemble du Canada pour réduire les émissions du secteur de l’électricité, accroître la portée du réseau électrique et atteindre les cibles climatiques nationales de 2030 et de 2050. Bien que leurs détracteurs reprochent souvent au solaire et à l’éolien leur variabilité et leur intermittence saisonnière, qui minent la fiabilité du système, le problème peut être surmonté avec des solutions qui sont souvent déjà à notre portée.
On mise de plus en plus sur le solaire et l’éolien pour étendre le réseau électrique et le rendre plus propre, mais il ne faut pas négliger l’intelligence – ou la flexibilité du réseau. Le nombre grandissant de sources d’énergie renouvelable mises en service nous offre de nombreuses solutions pour y arriver : le stockage d’énergie à court et à long terme, le développement de connexions entre les réseaux provinciaux et l’utilisation de sources stables d’énergie propre pour améliorer la fiabilité. Cependant, une autre solution simple, mais souvent écartée, est d’exploiter la complémentarité des tendances de production du solaire et de l’éolien.
La figure 1 illustre la production d’électricité mensuelle du solaire et de l’éolien pour le Canada et l’Ontario. Les tendances montrent que l’éolien génère plus d’énergie en hiver alors que les pics de production du solaire ont lieu en été, aussi bien à l’échelle nationale que provinciale. De plus, le solaire et l’éolien se complètent sur une base horaire. Dans son rapport Plus grands, plus propres, plus intelligents, l’Institut climatique examine la production éolienne et solaire de l’Alberta sur une période de 10 jours (figure 12 du rapport) et observe que la production d’énergie solaire est à son comble en mi-journée tandis que la production d’énergie éolienne atteint un pic durant la nuit. Autrement dit, il vente souvent quand le soleil se cache.
Figure 1: Le solaire et l’éolien se complètent; l’éolien génère davantage d’électricité en hiver alors que le solaire est plus productif en été.
Les autorités de réglementation, les services publics et les exploitants de réseau peuvent jouer sur cette complémentarité de la puissance du vent et du soleil pour atténuer la variabilité et améliorer la fiabilité du réseau. C’est un réel avantage pour les provinces où le solaire et l’éolien jouent un rôle majeur dans l’atteinte de la carboneutralité de l’électricité – notamment celles dépourvues de ressources hydroélectriques considérables. Concrètement, il peut s’agir de produire de l’énergie éolienne et solaire sur le même site – dans un système dit hybride – ou dans plusieurs sites différents dans une même zone qui s’équilibre. Comme autres solutions, on peut améliorer la prévisibilité du solaire et de l’éolien avec de meilleures prévisions ou relier des réseaux adjacents dont le profil de production est complémentaire.
En plus des bienfaits évidents de l’électricité propre – et abordable – qu’elle entraîne, la complémentarité solaire-éolien peut aussi réduire le besoin d’autres solutions intelligentes comme le stockage d’énergie, ce qui peut faire baisser les coûts des réseaux. Et, bien que certaines solutions pour améliorer la flexibilité du système se heurtent à des obstacles technologiques et pécuniaires, la combinaison du solaire et de l’éolien est une valeur sûre – une solution applicable dès aujourd’hui.
Anna Kanduth est associée de recherche principale à l’Institut climatique du Canada.