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Les infrastructures de recharge pour les véhicules électriques gagnent rapidement du terrain au Canada

Le nombre de bornes de recharge a triplé depuis 2018, ce qui élimine un obstacle majeur à l’adoption généralisée des véhicules électriques.

Grâce au nouveau mandat concernant la vente de véhicules zéro émission annoncé cette semaine, le marché canadien du véhicule électrique (VE) recevra un sérieux coup de pouce. Les VE joueront un rôle important dans la réduction des émissions du secteur du transport. L’infrastructure de recharge publique et accessible fait partie des principaux catalyseurs qui permettront aux consommateurs de faire la transition.

D’ailleurs, comment va la construction de bornes de recharge publiques au Canada? Bonne nouvelle : les données montrent que la multiplication des bornes s’accélère. Dans cette analyse, nous décortiquons la propagation rapide de l’infrastructure de recharge et les forces motrices de cette croissance.

Il y a plus de bornes électriques que jamais au Canada

Pour donner un aperçu du progrès jusqu’à présent, la figure 1 illustre le nombre de bornes fonctionnelles de niveau 2 et de courant continu rapide au Canada au fil du temps, d’après le Localisateur de stations de recharge et de stations de ravitaillement en carburants de remplacement. Les bornes à courant continu sont les plus rapides pour recharger les VE, nécessitant de 20 minutes à une heure pour une charge complète, alors que les bornes de niveau 2 peuvent prendre jusqu’à huit heures. Le localisateur ne montre que les bornes publiques, comme celles aux haltes routières, et non les bornes privées, comme celles des résidences.

En octobre 2023, le nombre total de bornes de recharge fonctionnelles de niveau 2 et de courant continu rapide au pays est passé à environ 26 500, contre 7 605 en 2018. C’est dire qu’en l’espace de six ans seulement, près de 19 000 nouvelles bornes se sont ajoutées au Canada, soit une augmentation de 3,5 par rapport à 2018.

Cette croissance n’a fait que s’accélérer dans la dernière année; 40 % des nouvelles bornes ont été mises en service en 2023, avec 7 542 bornes ajoutées à la base de données cette année.

À l’échelle infranationale, le déploiement de l’infrastructure publique de recharge est inégal.

Le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont été les meneurs de la construction de l’infrastructure de VE au pays. C’est logique, puisque c’est dans ces provinces que se trouvent le plus de propriétaires de VE, et deux d’entre elles ont des normes sur les VZE. L’infrastructure relativement nouvelle de ces provinces laisse croire qu’une grande demande en VE stimule aussi la construction de bornes.

L’Alberta montre aussi des signes d’accélération sur ce plan; elle est devenue la quatrième province à dépasser le cap des 1 000 bornes publiques fonctionnelles. Collectivement, ces quatre provinces ont 92 % de toutes les bornes publiques présentement en service.

D’autres régions ont aussi franchi des jalons dignes de mention. Les territoires ont obtenu leurs cinq premières bornes de recharge en 2020, et sont depuis rendus à un total de 33. Selon le nombre de bornes par habitant, l’Île-du-Prince-Édouard est en tête de liste au pays avec environ 16 bornes pour 10 000 personnes (figure 2).

La réglementation sur les VZE devrait faire augmenter le nombre d’infrastructures de recharge au Canada et en égaliser la répartition

Trois politiques publiques contribuent à accélérer le déploiement de bornes de recharge.

Deux d’entre elles, le financement public et le Règlement sur les combustibles propres, incitent directement le marché à construire plus de bornes.

En ce qui a trait au financement public pour l’infrastructure de recharge, il existe plusieurs programmes au pays, y compris au fédéral, en Colombie-Britannique, à l’Île-du-Prince-Édouard, et au Québec.

À l’échelle du pays, le Règlement sur les combustibles propres incite la construction d’infrastructure en permettant aux sociétés d’avoir des bornes pour VE dans le but de générer des crédits. Les sociétés peuvent ensuite vendre ces crédits à d’autres ou les utiliser pour respecter le Règlement (comme certaines ayant des bornes vendent aussi des combustibles fossiles qui y sont assujettis).

La norme sur les VZE du fédéral, la troisième politique, incitera le déploiement de l’infrastructure de recharge sur trois plans.

Premièrement, il donnera des crédits aux constructeurs de véhicules qui bâtissent des infrastructures pour VE, aidant ces constructeurs à respecter le Règlement. Deuxièmement, comme la norme augmentera l’offre de VE, elle envoie le message aux sociétés que la demande de bornes de recharge augmentera au Canada, ce qui rend la construction d’infrastructure plus avantageuse. Troisièmement, en égalisant l’offre de VE au Canada, elle aura pour effet indirect d’inciter la construction de bornes dans certaines provinces qui en ont présentement peu.

Les politiques municipales jouent aussi un rôle important dans l’infrastructure des VE. Les municipalités canadiennes rendent la recharge de VE encore plus accessible grâce à un éventail de mesures, y compris des codes du bâtiment axés sur les VE et des règlements qui encouragent le déploiement de bornes dans le stationnement d’immeubles à logements multiples.

Le Canada doit continuer à construire

Le Canada développe rapidement son réseau de bornes de recharge, mais cette expansion doit être plus rapide pour pouvoir suivre l’accélération de la demande de VE.

Selon une étude commandée par le gouvernement fédéral, le Canada doit avoir construit au moins 52 000 bornes de recharge publiques d’ici 2025, et 195 000 d’ici 2030 sans quoi il risque d’être confronté à une pénurie de bornes dans un contexte où le nombre de VE ne cesse d’augmenter.

Le gouvernement fédéral s’est engagé à construire 85 000 bornes de recharge financées par des fonds publics d’ici 2027. Il s’agit d’une grande promesse complémentaire au travail effectué par le secteur privé.

La norme fédérale sur les VZE peut aider à dynamiser l’élan et envoyer un message clair que le marché des VE ne fera que croître.


Arthur Zhang est associé de recherche à l’Institut climatique du Canada.