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Les exportations sobres en carbone du Canada augmentent presque deux fois plus vite que le reste de l’économie

Dans la dernière décennie, la valeur des exportations sobres en carbone du Canada a plus de doublé avec l’accélération de la transition énergétique mondiale.

Quoi de neuf?

Des minéraux critiques aux moteurs électriques, l’éventail diversifié d’exportations sobre en carbone du Canada croît plus rapidement que les autres types d’exportations. Depuis 2013, les exportations sobres en carbone ont plus de doublé de valeur, passant de 15,8 milliards de dollars à 38,7 milliards de dollars l’année dernière. Il s’agit ici presque du double de la croissance de toutes les autres exportations combinées : voilà qui démontre le potentiel d’une économie mondiale se rapprochant de plus en plus de la carboneutralité.

Dans l’analyse de cette semaine, on se penche sur le rendement des exportations sobres en carbone au Canada à la lumière des revenus d’exportations nationaux de la dernière décennie, dans l’espoir d’obtenir une meilleure vision de la progression du pays et de la voie à suivre potentielle.

Il est important de suivre le progrès des exportations propres pour juger de la préparation et de la compétitivité de l’économie canadienne en pleine transition vers la sobriété en carbone. Les données d’exportation montrent que le Canada a beaucoup à offrir aux autres pays dans leur virage de plus en plus marqué vers l’énergie propre.

Les exportations propres ont connu une croissance presque deux fois plus rapide que les autres exportations

Pour suivre le progrès des exportations d’énergie propre du Canada, 440 mégatonnes a étudié la liste de produits d’exportation sobres en carbone que relève un article précédent dans Options politiques. Contenant un total de 141 biens sobres en carbone, cette liste sert de mesure englobante pour évaluer l’aptitude du Canada à affronter la concurrence dans une économie mondiale qui se décarbonise.

La figure 1 présente le rendement en dollars canadiens des biens sobres en carbone sur une période de dix ans, soit entre 2013 et 2023. Ces produits sont qui plus est subdivisés en six catégories de produits essentiels à une économie sobre en carbone, allant de l’énergie propre aux minéraux critiques utilisés pour la fabrication de technologies propres.

Dans l’ensemble, les exportations sobres en carbone ont augmenté d’environ 9,4 % par année dans les dix dernières années, passant de 15,8 milliards de dollars en 2013 à 38,7 milliards en 2023.

On parle ici de presque deux fois la croissance moyenne de toutes les exportations au Canada, qui se situe environ à 5 % par année. Cette hausse des exportations d’énergie propre dépasse également celle des exportations de gaz et de pétrole, qui connaissent une hausse annuelle d’environ 4,3 %.

En tant que part des exportations totales, les biens sobres en carbone sont passés d’un simple 2,8 % en 2013 à 4,5 % l’année dernière, alors que les exportations de gaz et de pétrole ont descendu de 24 % à 23 %.

La croissance des exportations d’énergie propre, forte dans tous les sous-secteurs

La figure 2 représente la croissance annuelle de chacune des catégories de produits sobres en carbone regroupés, comparées à l’ensemble des exportations entre 2013 et 2023. Presque toutes les catégories ont connu une hausse plus importante que celle des autres produits d’exportation au Canada.

Les exportations de transports propres sont en pleine effervescence. C'est dans cette catégorie que la croissance annuelle a été la plus forte au cours des dix dernières années, avec 27,5 %. Ce groupe comprend les véhicules lourds et légers électriques et hybrides, ainsi que les trains électriques et les chariots élévateurs électriques. L'essor des exportations liées aux technologies propres s'explique par l'augmentation significative de la demande de véhicules électriques. Les exportations dans le domaine du transport propre s'élevaient à environ 771 millions de dollars en 2013 et ont été multipliées par plus de 11 pour atteindre environ 8,8 milliards de dollars l'année dernière. Cette tendance s'accélère, la valeur des exportations de transports propres doublant entre 2022 et 2023.

Au deuxième rang pour ce qui est du rythme de croissance avec une moyenne annuelle de 10,1 % arrivent les carburants propres. Cette catégorie comprend des produits comme les carburants alternatifs et les biocarburants – par exemple l’éthanol et le biodiesel – ainsi que la biomasse, qui comprend généralement des produits comme les granules de bois. Les biens exportés de cette catégorie ont plus de doublé dans la dernière décennie, passant de 1,4 milliard en 2013 à 3,6 milliards en 2023.

La croissance des carburants liquides propres a considérablement accéléré dans les dernières années. En 2013, la biomasse représentait 65 % de toutes les exportations de carburant propre. Sautons à 2023 et les carburants liquides propres ont rattrapé la biomasse, représentant environ la même part de la valeur.

Enfin, en troisième place se trouvent les exportations de produits d’efficacité énergétique, par exemple les thermostats, les ampoules à DEL, les thermopompes pour bâtiments et l’équipement électrique haute efficacité. Cette catégorie a atteint un total de 6 milliards de dollars en 2023, par rapport à 2,6 milliards en 2013.

Plusieurs autres tendances dignes de mention s’observent dans les données. La catégorie de l’électricité propre et de l’équipement d’alimentation a surpassé le taux de croissance de l’ensemble des exportations. C’est la catégorie de plus grande valeur de tous les sous-secteurs sobres en carbone confondus, atteignant 12,8 milliards de dollars en 2023. Malgré sa taille importante, le sous-secteur a maintenu un taux de croissance incroyablement haut, soit à 7 %. Il ne faut pas oublier que bien que cette catégorie comprenne entre autres les technologies renouvelables et leurs composantes, les génératrices qui ne sont pas à base de combustibles fossiles, et les batteries utilisées pour le transport, un quart des exportations sont directement attribuables à la vente d’électricité au sud de la frontière (4,3 milliards de dollars).

Les deux catégories restantes sont celles de l’industrie propre – qui inclut les échangeurs thermiques non résidentiels, les systèmes de traitement thermique, les chaudières générant de la vapeur et les fours électriques – ainsi que l’extraction minière pour l’énergie propre. Malgré que cette dernière catégorie comprenne des minéraux critiques comme le lithium et le cobalt, ce sont les exportations d’uranium qui dominent, représentant 93 % de la valeur totale. Cette catégorie a connu une croissance plus lente que le reste des exportations annuelles de l’économie, à savoir une hausse d’environ 4,2 % dans la dernière décennie.

Qui dit accélération de la transition énergétique dit multiplication des occasions de croissance pour les exportations propres

Les produits sobres en carbone se sont taillé une plus grande place au sein des exportations canadiennes totales, et ils continueront de s’imposer à mesure que la demande mondiale augmente. La croissance de ces industries peut atténuer le risque de transition pour l’économie canadienne, comme la demande mondiale en combustible fossile s’affaiblit. Les grandes industries sobres en carbone devraient continuer de favoriser la compétitivité du Canada au fil du temps.

L’Inflation Reduction Act (IRA) a notamment créé de nouveaux débouchés commerciaux pour les industries propres canadiennes aux États-Unis. Grâce à l’IRA, les produits employant des composants pour voiture électrique et des minéraux critiques canadiens dans leur fabrication sont admissibles aux crédits d’impôt de la loi, ce qui devrait stimuler la demande pour des biens de part et d’autre de la frontière.

Mais une plus forte demande en biens sobres en carbone signifie aussi une plus forte concurrence mondiale pour offrir ces produits. Résultat : il serait important que le gouvernement offre son aide – notamment en mettant rapidement la dernière main aux crédits d’impôt à l’investissement dans la fabrication de technologies propres et les matériaux critiques – au milieu des affaires au Canada pour que celui-ci reste concurrentiel et attire davantage d’investissements intérieurs et étrangers dans la sobriété en carbone.

Les données commerciales sont claires : avec le bon appui politique en place, les entreprises canadiennes qui vendent des biens sobres en carbone sont à la veille de connaître une forte croissance à mesure que progresse la transition mondiale vers une économie carboneutre.

Arthur Zhang est associé de recherche à l’Institut climatique du Canada et Dave Sawyer est économiste principal à l’Institut climatique du Canada.