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Faute d’une réglementation plus sévère, les émissions pétrolières et gazières rateront les cibles de 2030

L’atteinte des cibles climatiques nationales de 2030 repose sur la mise en œuvre rapide et efficace de nouvelles politiques pour réduire les émissions du secteur pétrogazier.

Quoi de neuf?

Le secteur du gaz et du pétrole en amont – qui comprend la production des sables bitumineux, du pétrole classique et du gaz naturel – doit réduire radicalement ses émissions si le Canada veut limiter ses émissions de GES à 440 mégatonnes d’ici 2030.

Malheureusement, notre analyse indique que les politiques actuelles ne suffisent pas à contenir la hausse prévue des émissions du secteur avant la fin de la décennie. Il faudra davantage d’interventions politiques, comme la mise en place d’un plafond d’émissions pétrolières et gazières et un contrôle plus serré du méthane, pour réaliser les réductions rapides et profondes des émissions nécessaires à l’atteinte de la cible de 2030 du Canada dans ce secteur.

Figure 1: Pour que les émissions liées aux sables bitumineux concordent avec la trajectoire vers la carboneutralité, il faudra davantage d’interventions politiques

LES PARTICULARITÉS

Il est possible de voir l’envergure des réductions nécessaires sous différents scénarios politiques sur la nouvelle Boussole des trajectoires d’émissions de 440 mégatonnes. L’outil est fondé sur Une évaluation indépendante du Plan de réduction des émissions du Canada (PRE) de l’Institut climatique du Canada.

La Boussole présente les prévisions d’émissions détaillées pour 10 secteurs ainsi que pour l’ensemble de l’économie canadienne. En explorant les données sur les émissions du secteur gazier et pétrolier en amont, par exemple, on peut dégager deux importants constats :

  1. Les politiques inscrites dans une loi déjà mises en place sont insuffisantes pour freiner la montée des émissions dans le secteur. Nos simulations prévoient que les émissions de 2030 seront 6 % plus élevées qu’en 2021 et 15 % plus élevées qu’en 2005 selon un scénario reposant sur les politiques inscrites dans la loi.
  2. Des mesures supplémentaires seront nécessaires pour contenir la hausse prévue des émissions générées par le pétrole et le gaz d’ici la fin de la décennie. Les politiques annoncées et en élaboration prévues par le Plan de réduction des émissions du Canada devront permettre de retrancher du secteur plus de 44 mégatonnes (Mt) d’émissions d’ici 2030 – une baisse de 30 % par rapport au niveau de 2021 – pour atteindre ses objectifs. 

Figure 2: Les politiques actuelles placent le gaz naturel tout près de la trajectoire vers la carboneutralité

Importance de ces constats

Il faudra sans conteste des politiques supplémentaires pour contenir la hausse prévue de 20 Mt d’émissions dans les sables bitumineux avant la fin de la décennie – nos prévisions montrent en effet que les réductions dans ce secteur ne contribueront qu’à 1 % des efforts nationaux de réduction d’ici 2030.

À court terme, cependant, on pourrait réaliser des gains importants en misant davantage sur les politiques sur le carbone et l’efficacité énergétique dans le gaz naturel et le pétrole classique, qui pourraient mener à des réductions de 12 % et 7 % respectivement dans le portrait global canadien d’ici 2030.

Voici ce que montre la Boussole des trajectoires d’émissions : 

  • Gaz naturel : Entre 2005 et 2020, le secteur du gaz naturel a réduit ses émissions d’un peu plus de 26 Mt. Selon les politiques annoncées, nous prévoyons une légère hausse des émissions liées à une croissance des sorties, tandis que la décarbonisation et les améliorations à l’efficacité énergétique découlant des politiques et du marché apporteront des réductions considérables, menant à une diminution nette de 27 Mt d’ici 2030.

Figure 3: Le gaz naturel, très prometteur pour la réduction d’émissions et l’efficacité énergétique

  • Pétrole classique : La production est restée plus ou moins stable de 2005 à 2020, tandis que l’efficacité énergétique et certaines politiques carbone ont mené à des baisses d’émissions de 10 Mt en tout. Si l’on se projette dans l’avenir, une très légère hausse des émissions provenant des sorties est à prévoir dans le scénario des politiques annoncées, alors que les gains d’efficacité énergétique et de décarbonisation feront diminuer considérablement les émissions, ce qui entraînera une baisse nette de 15 Mt d’ici 2030.

Figure 4: Le pétrole classique pourrait contribuer à des réductions d’émissions notables


Dave Sawyer est économiste principal à l’Institut climatique du Canada. Brad Griffin est directeur général du Centre de données sur l’énergie et les émissions de l’Université Simon Fraser et conseiller pour le projet 440 mégatonnes.