La méthodologie pour les projections à court et à long terme des scénarios du Plan de réduction des émissions
Pour évaluer la compatibilité des politiques climatiques actuelles et annoncées avec le Plan de réduction des émissions et l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050, nous analysons les émissions de gaz à effet de serre (GES) passées et possibles de divers secteurs. Nous avons mis au point une approche utilisant des données historiques et des projections à long terme pour examiner différentes hypothèses sur les politiques qui seront mises en place et auront une incidence sur l’énergie et les émissions de GES. Pour intégrer les approches dans une représentation cohérente des secteurs analysés, nous tenons compte de renseignements sur les émissions de GES, de la consommation d’énergie propre et polluante ainsi que de la production industrielle physique, du PIB ou de la population (le cas échéant).
Données historiques (2005-2021)
Pour bien comprendre le comportement passé des secteurs à l’étude, nous exploitons les données sur les émissions de GES de plusieurs sources : les données sur les activités industrielles et le secteur du pétrole et du gaz en amont proviennent du Canadian Energy and Emissions Data Centre (CEEDC), tandis que celles sur la construction, le transport et les émissions nationales proviennent du Rapport d’inventaire national d’Environnement et Changement climatique Canada (RIN d’ECCC).
La consommation d’énergie historique pour les secteurs industriel et pétrogazier en amont est également tirée du CEEDC, alors que celle du transport provient du RIN d’ECCC et celle des bâtiments résidentiels et commerciaux est tirée du Bulletin sur la disponibilité et écoulement d’énergie au Canada de Statistique Canada (BDEEC). Les chiffres sur l’énergie polluante tiennent compte du charbon et de ses produits, du gaz naturel et des produits pétroliers raffinés, et les chiffres sur l’énergie propre comprennent l’électricité et la biomasse.
L’activité économique d’un secteur entre en ligne de compte dans les projections à court terme. Nous utilisons également les données historiques sur la production industrielle physique, comme la quantité de tonnes d’acier ou de ciment (CEEDC), le PIB (StatCan) ou la population (StatCan) selon le secteur analysé.
Projections à long-terme (2025-2050)
Les projections à long terme exploitent les données de modélisation des scénarios du Plan de réduction des émissions (2020-2030) et l’ensemble des 62 scénarios de carboneutralité (2020-2050) par Navius Research. Chacun de ces ensembles de scénarios a été créé dans le cadre de projets antérieurs de l’Institut climatique du Canada avant la publication du dernier Rapport d’inventaire national d’ECCC en avril 2022. Ainsi, nous avons adapté les résultats de ce travail de modélisation pour qu’ils soient cohérents avec les données historiques de 2021. Les taux de croissance annuels composés ont été calculés par échelons de cinq ans en fonction des résultats de modélisation et des facteurs utilisés dans cette analyse (activité, consommation d’énergie polluante et propre, et émissions de GES). Ces taux de croissance tiennent compte des effets des politiques modélisées sur toute l’économie. Les taux de croissance annuels pour chacun de ces facteurs ont été appliqués aux valeurs de 2021.
Les projections à long terme du Plan de réduction des émissions de 2030 sont fondées sur trois scénarios de Navius Research (politiques inscrites dans une loi, politiques en élaboration et politiques annoncées).
Les projections à long terme de la carboneutralité d’ici 2050 sont fondées sur les 62 scénarios de Navius Research et se servent des 80e et 20e centiles des indicateurs qui en sont tirés. Le 80e centile des résultats des indicateurs correspond à un effort de réduction des émissions moindre et est représenté par la limite supérieure de la section grisée de la trajectoire vers la carboneutralité. Le 20e centile signifie un effort plus grand, représenté par la limite inférieure.
Décomposition de la réduction d’émissions de GES
Pour mieux comprendre les facteurs des réductions passées et futures, nous avons analysé l’évolution des émissions de GES à l’aide d’un modèle basé sur l’équation de Kaya et d’une décomposition des facteurs fondée sur l’indice de la moyenne logarithmique de Divisia (IMLD). Le modèle d’équation repose sur trois facteurs :
- Activité (PIB ou population) – effet de l’activité économique
- Ratio total d’énergie sur activité – effet de l’efficacité énergétique
- Ratio total d’émissions sur total d’énergie – effet de la décarbonisation
L’effet de l’activité économique représente les variations dans les émissions causées par des hausses ou des baisses dans l’activité d’un secteur. L’effet de l’efficacité énergétique comprend les changements dans l’intensité énergétique générés par la fluctuation de la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer un produit ou fournir un service. L’effet de la décarbonisation englobe les changements induits par la proportion d’énergie renouvelable, la décarbonisation du carburant, l’utilisation de technologies de captation du carbone et la réduction d’émissions fugitives comme le méthane.