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Pourquoi l’intensité carbonique est capitale — et une nouvelle façon de la mesurer

Si l’intensité carbonique est sans contredit l’indicateur par excellence pour suivre les progrès de la transition énergétique du Canada, elle s’est avérée extrêmement difficile à mesurer… mais c’était avant.

quoi de neuf?

Avec la transition énergétique mondiale qui s’accélère, la pression s’accentue pour le secteur privé et les gouvernements, incités à mesurer et à divulguer leurs émissions de carbone. Parallèlement, les consommateurs veulent connaître leur empreinte carbone pour pouvoir faire des choix écoresponsables. Dans les deux cas, l’objectif est le même : déterminer son intensité carbonique – la quantité de gaz à effet de serre (GES) découlant de la production ou de la consommation d’un bien, qui se mesure en quantité de GES par unité d’activité.

Pour la majorité des secteurs économiques canadiens, toutefois, il n’existait aucun jeu de données sur les intensités carboniques… mais c’était avant.

La base de données sur l’intensité carbonique du Canada est un nouvel outil proposé par 440 mégatonnes pour mesurer l’intensité carbonique de toutes les activités de production ou de consommation du Canada. Dans 60 secteurs économiques et 51 catégories de demandes finales et d’exportations, comme l’alimentation ou le ciment, la base de données présente les intensités carboniques de la combustion directe (portée 1), des achats indirects d’électricité et de chauffage (portée 2) et des chaînes d’approvisionnement (portée 3).

Cet ensemble cohérent de données sur l’intensité carbonique facilitera la démarche de réduction des intensités carboniques des gouvernements, des entreprises et des ménages au fil du temps en améliorant l’efficacité et en passant à des sources d’énergie propre (décarbonisation), accélérant ainsi la transition énergétique du Canada vers la carboneutralité.

Pourquoi l’intensité carbonique

L’intensité carbonique est de toute évidence l’indicateur le plus important pour suivre la transition énergétique du Canada, mais elle n’est pas toujours facile à mesurer. La base de données sur l’intensité carbonique du Canada propose une manière simple de la calculer pour une activité, un secteur ou un produit donné : les utilisateurs n’ont qu’à multiplier le PIB, le revenu ou la valeur des biens achetés par l’intensité carbonique correspondante au secteur, et le tour est joué!

La base de données s’appuie sur les tableaux d’entrée-sorties symétriques de Statistique Canada, les émissions du Rapport d’inventaire national et les données sur l’énergie et les émissions du CEEDC pour constituer un ensemble exhaustif et cohérent de données sur l’intensité carbonique.

Exemple concret

Pour une banque qui chercherait à mesurer les émissions financées d’une certaine portion de son portefeuille canadien (c’est-à-dire les émissions générées pour chaque dollar investi dans un secteur) ou pour un fin connaisseur en matière de développement durable des entreprises qui souhaiterait calculer les émissions de portée 3 des produits qu’il vend, la base de données sur l’intensité carbonique du Canada est l’outil par excellence.

Admettons, par exemple, qu’une banque cherche à mesurer les émissions de carbone financées liées aux investissements de son portefeuille dans la fabrication du ciment. La base de données lui permet d’obtenir les renseignements suivants :

  • Émissions sectorielles totales. Dans la base de données, à la section « Fabrication de ciment et de produits en béton » (Cement and concrete product manufacturing), on peut voir que l’intensité carbonique des émissions directes (portée 1) pour ce secteur était de 10,3 mégatonnes d’équivalent CO2 (Mt éq. CO2) en 2020. Les émissions de portée 2, soit les émissions indirectes liées à l’achat d’électricité et de chauffage étaient de 0,256 Mt éq. CO2 et les émissions de portée 3, associées à toutes les autres entrées achetées (c.-à-d., autres que l’électricité et la vapeur), s’élevaient à 1,7 Mt éq. CO2.
  • Émissions financées. La base de données présente les moyennes nationales d’intensités carboniques selon le PIB ou le revenu pour les émissions de portée 1, portée 2 et portée 3 (voir figure 1). Il est à noter que les intensités carboniques de portées 2 et 3 sont liées à la production et aux émissions qui ont lieu au Canada; elles ne tiennent pas compte du carbone intrinsèque des importations.

Disons qu’une banque finance 10 millions de dollars en produits du ciment et du béton. Ce montant peut être multiplié par l’intensité carbonique, soit la quantité de carbone générée par dollar investi, pour estimer le total des émissions financées de cet investissement. Ainsi, le total des émissions générées par l’investissement de 10 millions est de 9 570 tonnes pour les émissions de portée 1, de 240 tonnes pour les émissions de portée 2 et de 2 255 tonnes pour les émissions de portée 3.

  • Intensité carbonique des achats de produits et de services. La base de données peut aussi être utilisée pour déterminer l’intensité carbonique des dépenses des ménages, des entreprises et des gouvernements pour 51 types de marchandises, ce qui donne une perspective sur la consommation dans la comptabilisation du carbone national. Dans notre exemple, environ 90 % de la production de ciment et de béton au Canada est destinée à l’industrie, qui génère la plupart des émissions, alors que 8 % sont exportés et seulement 2 % sont vendus directement aux ménages comme bien de consommation finale. Le tableau 1 présente un aperçu de la répartition des émissions générées par l’achat de ciment et de béton par secteurs économiques.

Seton Stiebert est conseiller pour le projet 440 mégatonnes et conseiller principal de Stiebert Consulting. Dave Sawyer est économiste principal à l’Institut climatique du Canada.