Skip to content

Portrait des données sur les investissements pour les grands projets de croissance propre

Le Canada attire déjà davantage d’investissements, mais devra accélérer le rythme pour atteindre ses objectifs.

Pour atteindre ses cibles de réduction des émissions, le Canada doit attirer et réaliser un nombre élevé de grands projets de croissance propre, un terme qui regroupe les projets d’énergie et de technologies propres à grande échelle. 

La croissance propre ayant occupé l’avant-scène du dernier budget fédéral, voilà une bonne occasion de faire le point sur l’attraction de projets de croissance propre au Canada. En faisant le suivi des investissements dans les grands projets d’énergie, on peut évaluer le progrès du Canada dans la construction des systèmes carboneutres et son retrait des investissements importants dans les combustibles fossiles.

135 milliards de dollars dans la machine de la croissance propre

La figure 1 présente les données sur les grands projets d’énergie – dont la construction est en cours ou prévue au cours des 10 prochaines années – et sur leurs investissements potentiels, tirées de l’inventaire des grands projets de Ressources naturelles Canada. Est considéré comme un grand projet celui qui atteint le seuil minimal en capital de 50 millions de dollars dans l’énergie, de 20 millions de dollars dans l’électricité ou de 10 millions de dollars dans la croissance propre. Les données n’incluent pas les plus petits projets, mais il n’en demeure pas moins qu’ils auront aussi un effet crucial sur l’atteinte des objectifs climatiques (pensons à l’apport potentiel des ressources d’énergie distribuées). 

En date de 2022, 323 projets d’énergie au potentiel total d’investissement en capital de 434 milliards de dollars – en cours de construction ou prévus au cours des 10 prochaines années – étaient consignés dans l’inventaire. De ces projets, 232 sont liés à la croissance propre et représentent un potentiel d’investissement de 135 milliards de dollars.

Figure 1 : Le nombre de projets pétrogaziers et les investissements potentiels connexes ont diminué, tandis que les projets de croissance propre ont légèrement augmenté.

Projets de combustibles fossiles à la baisse, projets de croissance propre à la hausse

Le nombre de projets pétrogaziers et les investissements potentiels connexes chutent depuis 2017, une tendance qui devrait se maintenir vu la baisse de la demande en combustibles fossiles. Cette diminution s’explique en grande partie par l’annulation, l’interruption et le retrait de projets, et non par la réalisation de projets consignés dans l’inventaire, du moins pour la valeur des investissements. Entre 2017 et 2021, 63 projets pétrogaziers ont été achevés, représentant 69,5 milliards de dollars en investissements potentiels, tandis que 40 projets ont été annulés, interrompus ou retirés, représentant 201,4 milliards de dollars.

En revanche, les projets de croissance propre en cours ou prévus et les investissements potentiels connexes ont légèrement augmenté dans les dernières années. Ces projets représentent maintenant 68 % des projets d’énergie de l’inventaire (comparativement à 62 % en 2017). Les investissements en capital potentiels, qui représentaient en 2017 22 % des investissements potentiels dans l’énergie, sont passés à 30 %.

Signes encourageants

Si ces données semblent à première vue peindre le portrait d’une avancée timide depuis 2017, on peut déceler les premiers signes d’une accélération des investissements. Un exemple? Le nombre de grands projets d’énergie solaire a plus que triplé, passant de 9 en 2017 à 28. Ces projets représentent 2,8 milliards de dollars en investissements potentiels, contre 600 millions de dollars en 2017. Les grands projets de captage et stockage du CO₂ ne sont pas en reste; ils sont passés de deux projets totalisant 9,1 milliards de dollars en 2017 à sept projets totalisant 15,5 milliards de dollars en 2022.

À cela s’ajoutent des projets d’énergie renouvelable qui comptent de plus en plus souvent des ententes de partenariat ou d’acquisition de parts avec des communautés autochtones. Indigenous Clean Energy a recensé près de 200 de ces projets de moyenne à grande envergure – comme la ligne de transport Waasigan – et estime qu’il existe actuellement de 1 700 à 2 100 micro ou petits systèmes d’énergie renouvelable qui comptent un leadership ou un partenariat autochtone. Malgré ces bonnes nouvelles, il reste d’importantes barrières à faire tomber pour assurer une participation autochtone accrue dans l’économie propre et faire progresser les efforts de réconciliation.

Augmentation attendue de la croissance propre avec l’arrivée de nouvelles mesures de soutien

Même si les données sur les nouveaux grands projets s’avèrent encourageantes, il faudra accélérer la cadence pour arriver à atteindre les cibles liées aux émissions et à l’économie propre du Canada.

Il faut s’attendre à une augmentation des investissements dans les grands projets de croissance propre avec l’arrivée de mesures de soutien et de mesures incitatives, nouvelles ou bonifiées, dans les prochaines années, comme la hausse de la tarification du carbone, les crédits d’impôt à l’investissement dans l’économie propre récemment annoncés par le gouvernement fédéral et les contrats sur différence appliqués au carbone. De plus, la création prévue de processus d’évaluation et d’autorisation de projets plus rapides et plus responsables devrait aussi faire accélérer les progrès.


Arthur Zhang est associé de recherche à l’Institut climatique du Canada.