Utilisées par près de la moitié des foyers du Nouveau-Brunswick, les thermopompes continuent de gagner en popularité en tant que système de chauffage principal.
L’augmentation du nombre de foyers chauffés par thermopompe représente un bon indicateur des progrès du Canada dans la décarbonisation des bâtiments. Bien moins coûteuses et polluantes que les systèmes de chauffage aux combustibles fossiles, les thermopompes sont beaucoup plus efficaces et fonctionnent à l’électricité. Elles permettent de réduire les factures d’énergie, d’autant plus que le prix du mazout, qui est monté en flèche, reste très instable.
Les dernières données de Statistique Canada montrent que les politiques ont contribué à l’adoption des thermopompes. En 2023, la part des ménages comptant sur ces dernières comme source de chauffage principale est passée à 9 %, soit une hausse de trois points par rapport à 2021 (figure 1).
Les provinces maritimes ont largement plébiscité les thermopompes : on les trouve notamment dans 48 % des foyers au Nouveau-Brunswick.
En parallèle, l’essor rapide des thermopompes dans les milieux ruraux canadiens, hors des régions métropolitaines de recensement, montre que la demande de technologies propres à faible coût transcende la fracture entre les zones urbaines et rurales. Dans ces milieux, les taux d’adoption ont plus que triplé depuis 2013, pour atteindre 15 % en 2023.
Les Canadiens troquent le mazout contre les thermopompes
La concentration plus élevée de thermopompes en milieu rural contredit l’argument habituel voulant que les technologies propres soient plutôt adoptées en ville.
Ce phénomène peut s’expliquer simplement par le prix de l’électricité, plus abordable que le mazout. Dans les provinces maritimes, 20 % des foyers en moyenne comptaient encore sur ce combustible, proportion bien plus élevée que les 2 % enregistrés dans le reste du Canada.
Le mazout a toujours été plus cher que l’électricité, et la volatilité des prix a créé un contexte économique encore plus favorable aux thermopompes (figure 2). De nombreux ménages qui utilisent le mazout vivent aussi dans des zones rurales, souvent moins connectées aux réseaux de gaz naturel (dont le prix est généralement moindre). Ces régions sont donc davantage incitées à se passer des réseaux de gaz et à opter directement pour un chauffage électrique propre.
L’adoption a également été facilitée par diverses politiques combinées à une conjoncture économique avantageuse. On parle notamment de subventions provinciales (par exemple le programme de thermopompes gratuites de l’Île-du-Prince-Édouard) et fédérales (par exemple le programme pour la Conversion abordable du mazout à la thermopompe) aidant à couvrir les coûts initiaux, qui sont l’un des principaux obstacles à l’adoption, surtout pour les ménages à faible revenu.
Les programmes actuels réduisent les émissions liées au chauffage au mazout, mais il faut encore concevoir des politiques qui inciteront d’autres ménages, notamment ceux qui utilisent des chaudières au gaz, à passer aux thermopompes.
Les thermopompes peuvent être utiles au-delà des foyers chauffés au mazout, et la remise en place d’un soutien politique pourrait accélérer l’élan qu’elles ont donné à la décarbonisation des bâtiments au Canada.
Arthur Zhang est associé de recherche principal à l’Institut climatique du Canada.